Nerveuse, la Bourse de New York a l’Irak dans le viseur

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à Wall Street (Photo : Spencer Platt)

[14/06/2014 08:19:18] New York (AFP) Wall Street se dirigeait timidement vers les prochaines séances, craignant que les tumultes en Irak et la hausse des prix du pétrole ne l’empêchent de battre de nouveaux records, tout en gardant un oeil sur une réunion de la Réserve fédérale américaine.

Au cours des cinq dernières séances, le Dow Jones Industrial Average, indice vedette de la Bourse de New York, a reculé de 0,88% à 16.775,74 points.

Le Nasdaq, à dominante technologique, a lâché 0,25% à 4.310,65 points.

L’indice élargi Standard & Poor’s 500 a reculé de 0,68% à 1.936,16 points.

Le Dow Jones avait décroché mardi soir un quatrième record d’affilée, le S&P 500 signant lui un quatrième sommet consécutif lundi.

Forte de ces records historiques tous frais, la Bourse new-yorkaise ne regardait toutefois pas sans craintes l’avenir, à l’issue d’une semaine éprouvante.

Des données américaines sans éclat, une croissance mondiale hésitante, la perte anticipée d’un élu jugé favorable à Wall Street à Washington, et surtout l’Irak, ses violences, et le bond des prix du pétrole, ont raboté sans ménagement sa confiance.

“Cette semaine, la nervosité s’est réintroduite dans le marché”, commente Dan Greenhaus, de BTIG.

Mais, “comme il l’a montré avec l’Ukraine et la Syrie plus tôt, (…) le marché des actions américain a prouvé qu’il était extrêmement résistant”, ajoute le stratège. “Et après trois semaines de forte hausse, il est normal de marquer une petite pause”.

L’Irak restera, de l’avis de beaucoup, l’un des grands sujets de préoccupations aux cours des prochains jours.

“L’une des grosses inquiétudes est que l’état d’insurrection dans le nord s’empare du sud du pays, où la très grosse majorité de la production se trouve. Car cela ferait flamber les prix du pétrole, ce qui ne serait pas une bonne nouvelle pour Wall Street”, explique Art Hogan, de Wunderlich Securities.

En effet, lorsque les prix de l’or noir s’envolent, non pas parce que l’économie redécolle mais parce que la situation de l’offre est instable, son impact sur la croissance inquiète.

– inflation psychologique –

Alors qu’ils s’apprêtent à partir sur la route des vacances, les consommateurs sont susceptibles de “réagir de facon épidermique à l’inflation psychologique des prix de l’essence à la pompe”, note Stéphane Ventilato, courtier chez Banca Imi Securities.

“Cela peut donner un petit coup de frein à l’enthousiasme des ménages”, et saper les progrès modestes d’une économie sur le chemin de la reprise, ajoute-t-il.

Une hausse de 10% du tarif de l’énergie, “c’est 0,5% de croissance en moins, personne n’y échappe!” continue Art Hogan. “La dernière chose dont une économie mondiale encore vacillante a besoin, c’est bien d’un tel envol”, insiste-t-il.

A New York, comme à Londres, le pétrole a terminé vendredi à des niveaux plus vus depuis septembre 2013.

Au-delà des risques géopolitiques, sur le front économique, les opérateurs se préparaient à une semaine bien plus riche que la dernière en rendez-vous de poids.

Toujours très surveillée, bien que peu de suprises n’en était a priori attendues, une réunion du comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale américaine se tiendra à Washington mardi et mercredi.

“C’est le grand événement de la semaine, mais on ne s’attend pas à ce que la Fed change substantiellement de feuille de route”, indique Alan Skrainka, de Cornerstone Wealth Management.

L’institution devrait continuer la lente réduction de son aide monétaire exceptionnelle, portant à 35 milliards son soutien mensuel à l’économie. “Et il va de soi qu’elle ne relèvera certainement pas ses taux d’intérêt”, ajoutent les économistes de IHS.

Les investisseurs regarderont toutefois “tout signe de discussions en coulisses sur le calendrier du relèvement de ces taux”, remarque M. Greenhaus.

Côté indicateurs, les opérateurs se pencheront sur les chiffres de la production industrielle en mai aux Etats-Unis lundi, des mises en chantier et de l’évolution des prix à la consommation ce mois-là mardi, des inscriptions au chômage et d’un ensemble d’indicateurs avancés jeudi.