La Chine diversifie ses investissements en Amérique latine

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érienne de la région minière de Las Bambas au sud du Pérou en août 2004 (Photo : Jaime Razuri)

[14/06/2014 14:44:41] Santa Cruz (Bolivie) (AFP) L’appétit de la Chine pour les matières premières a accru sa présence en Amérique latine mais le géant asiatique cherche désormais à diversifier ses investissements en finançant à coup de milliards des secteurs clés de développement comme les infrastructures, où l’Amérique latine a de gros manques, selon des analystes.

Le sommet G77 + Chine, qui s’ouvre samedi à Santa Cruz à l’occasion du 50e anniversaire du groupe, vise à promouvoir le développement économique, notamment à travers la coopération Sud-Sud et compte avec des délégations de 133 Etats membres, dont une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement.

La “Chine agit maintenant de manière différente avec les pays sud-américains. Elle ne vise plus seulement à acheter des matières premières, elle veut entrer dans les investissements pour l’industrialisation”, affirme à l’AFP Gabriel Dabdoub, président de la puissante Fédération du patronat de Santa Cruz, moteur économique de la Bolivie.

Pays le plus pauvre d’Amérique du Sud, la Bolivie a connu ces dernières années une croissance de plus de 6% et envisage d’importants travaux d’infrastructure.

“La Chine est particulièrement attirée par les projets d’industrialisation que nécessite le pays ces dix prochaines années et dont le coût est estimé à 42 milliards de dollars”, précise M. Dabdoub.

Il indique notamment que des compagnies chinoises ont exprimé leur intérêt pour la construction d’un chemin de fer allant de la Bolivie au Brésil, reliant l’Atlantique et le Pacifique, de même que des routes et des projets de connections fluviales.

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a fait part récemment à Brasilia de l’intérêt de la Chine, premier partenaire commercial du Brésil, d’augmenter ses investissements et sa relation avec l’Amérique latine et les Caraïbes.

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étrangères Wang Yi (g) et son homologue vénézuelien Elias Jaua, à Caracas, le 21 avril 2014 (Photo : Juan Barreto)

Le président chinois Xi Jinping, grand absent du sommet de Santa Cruz, participera à la mi-juillet au Brésil au sommet des Brics qui réunit les grands pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).

Au Brésil, première économie de la région, l’intérêt de la Chine est axé sur les grands appels d’offres pour les chemins de fer, les routes et la production d’électricité.

– 100 milliards depuis 2005 –

Au cours des dernières années, avec l’achat en masse de matières premières à l’Amérique latine et la vente de ses produits manufacturés, la Chine est devenue le deuxième partenaire commercial de nombreux pays de la région et le premier du Brésil en 2009, devant les Etats-Unis.

“Encore récemment, la Bolivie ne considérait pas le Chine comme un partenaire, elle se méfiait beaucoup”, note M. Dabdoub. “Mais maintenant il y a plus d’échanges et de fait nous venons de leur acheter un satellite” dit-il.

Selon un récent rapport d’universitaires américains, la Chine a octroyé 102,2 milliards de dollars en prêts aux pays latino-américains entre 2005 et 2013, en priorité au Venezuela et à l’Argentine.

“Entre 2005 et 2013, le financement total des principales banques chinoises, la Banque chinoise de développement (CBD) et la Banque d’import-export Eximbank a atteint 102,2 milliards de dollars”, explique la Global Economic Governance Initiative de l’Université de Boston.

L’an passé, les prêts chinois octroyés aux gouvernements, entreprises publiques et sociétés privées latino-américaines ont été de 20,1 milliards de dollars. En 2012, ce chiffre n’avait été que de 3,5 milliards de dollars, le plus faible depuis que Pékin a commencé à s’intéresser à la région en 2005.

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à Buenos Aires le 23 avril 2014 (Photo : Juan Mabromata)

“Aujourd’hui en terme de commerce et d’investissements, la Chine dépasse les partenaires traditionnels de la région comme l’Europe et les Etats-Unis”, relève pour l’AFP Gary Rodriguez, président de l’Institut Bolivien de Commerce Extérieur, basé à Santa Cruz.

“La Chine joue certainement un plus grand rôle dans ce nouveau millénaire et consolidera son expansion commerciale avec un rapprochement avec l’Amérique latine”, indique pour sa part à l’AFP Armando Loayza, analyste et ancien ministre des Affaires étrangères de Bolivie (2005).

Au Pérou voisin, une des économies les plus dynamiques de la région, la Chine a réalisé sa plus importante acquisition à l’étranger jamais réalisée par l’industrie minière avec les mines de cuivre de Las Bambas pour 4,22 milliards d’euros.

Et la Chine est le deuxième marché derrière les Etats-Unis pour le Venezuela, pays disposant des plus importantes réserves prouvées de pétrole au monde et les deux pays ont discuté d’investissements destinés à augmenter la production dans la ceinture de l’Orénoque (centre), un investissement de 28 milliards de dollars.