Trois ans de prison requis contre l’ancien golden boy algérien Khalifa

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Alger, le 12 octobre 2002 (Photo : Dominique Faget)

[16/06/2014 14:58:49] Nanterre (AFP) Trois ans de prison ont été requis lundi à l’encontre de l’ancien flamboyant homme d’affaires algérien Rafik Khalifa, emprisonné en Algérie et jugé par défaut par le tribunal correctionnel de Nanterre (Haut-de-Seine) pour banqueroute et détournements de fonds.

Le fondateur du groupe Khalifa, écroué à Londres depuis 2007, a été extradé vers Alger le 24 décembre 2013. “C’est le noyau dur de cette affaire”, a souligné le procureur Philippe Bourion, décrivant un homme “talentueux”, “vraisemblablement capricieux” et “formidablement ambitieux”.

Dix autres personnes sont poursuivies, dont son ex-femme Nadia Amirouchen, un notaire, des anciens représentants de l’entreprise en France ainsi qu’un constructeur et équipementier aéronautique. Le parquet a requis à leur encontre des peines de six mois de prison avec sursis à deux ans de réclusion, dont 20 mois avec sursis, et des amendes de 10.000 à 80.000 euros.

Ils sont accusés d’avoir, au moment de la déconfiture du groupe en 2003, dissimulé un certain nombre d’actifs, notamment trois avions d’une valeur de 5,5 millions d’euros, une douzaine de voitures de luxe et une villa à Cannes de 35 millions d’euros, où le golden boy organisait de somptueuses réceptions avec Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Sting ou encore Bono.

Au faîte de sa puissance, le groupe Khalifa était présenté comme la nouvelle vitrine du régime algérien, qui sortait d’une décennie de guerre civile pour s’ouvrir à l’économie de marché. Il proposait aux épargnants algériens de placer leur argent à des taux d’intérêt très attractifs chez Khalifa Bank, qui alimentait ensuite le reste du groupe.

Mais, en novembre 2002, les opérations de la banque sont gelées à la suite de malversations décelées par Alger. Début 2003, le groupe est placé en liquidation.

L’effondrement de cet empire a causé un préjudice estimé entre 1,5 et 5 milliards de dollars à l?État algérien et aux épargnants.

“La dimension humaine de ce dossier est fondamentale”, a plaidé Me Élisabeth Maisondieu-Camus, une des avocates des parties civiles. “De nombreux petits épargnants algériens ont été ruinés et la vente de la villa Bagatelle à Cannes, des avions ou des voitures de luxe n’ont pas permis de les rembourser”, a-t-elle relevé.

Le conseil a mis en avant les failles de l’instruction qui a duré 11 ans. “Certaines personnes ont été renvoyées devant le tribunal, d’autres qui avaient pourtant commis le même type d’infraction n’ont pas été inquiétées”, a-t-elle déploré.

Le procès se poursuit mardi et mercredi avec les plaidoiries de la défense.