ée, le 17 juin 2014 (Photo : Alain Jocard) |
[17/06/2014 09:16:47] Paris (AFP) La bataille pour l’avenir d’Alstom rebondit à l’Elysée, où les dirigeants du tandem Siemens-Mitsubishi vont tenter mardi de rallier l’Etat à leur proposition d’alliance avec le groupe français, pour mettre hors jeu l’offre concurrente du géant américain General Electric.
Les patrons de Siemens, Joe Kaeser, et de MHI, Shunichi Miyanaga, doivent présenter dans la matinée leur projet au président de la République, François Hollande, qui s’était auparavant entretenu avec les ministres Arnaud Montebourg (Economie) et Ségolène Royal (Ecologie et Energie). Ils iront le défendre en fin d’après-midi devant la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale.
Longtemps attendue, l’offre du groupe munichois, qui a sorti du chapeau la semaine dernière le japonais MHI pour faire le poids, s’adresse autant au conseil d’administration d’Alstom, qui a clairement affiché sa préférence pour la proposition concurrente de GE, qu’au pouvoir politique.
Ainsi, même si le Premier ministre, Manuel Valls, a affirmé lundi soir que le gouvernement n’avait “aucune préférence”, le ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, semble privilégier depuis le début un partenariat préservant l’intégrité de l’ex-champion tricolore au lieu d’un rachat pur et simple: message reçu, puisque Siemens et Mitsubishi Heavy Industries ont décidé de jouer à fond la carte de l’alliance.
Ainsi, quand GE propose de racheter la totalité du pôle énergie d’Alstom (qui représente 70% de son chiffre d’affaires) pour 12,35 milliards d’euros, Siemens est prêt à ne reprendre que l’activité de turbine à gaz, pour 3,9 milliards d’euros, avec garantie de l’emploi.
Pour le reste des activités du groupe français, MHI propose trois coentreprises: une dans les réseaux intelligents (grid), une autre dans les turbines hydrauliques et la troisième dans les turbines à vapeur, utilisées dans les centrales nucléaires d’EDF. Le tout pour 3,1 milliards d’euros, en cash. En ne rachetant que 40% des turbines à vapeur, MHI répond à une inquiétude des autorités sur le contrôle des activités nucléaires.
En outre, Alstom resterait un groupe français coté dans l’Hexagone.
– Le temps presse –
Enfin, sur la question de l’emploi, hautement sensible pour un gouvernement qui n’arrive pas à faire baisser le chômage, le tandem germano-nippon n’a pas lésiné: il a promis de créer plus de 1.000 postes en France, s’alignant ainsi sur une promesse faite…. par General Electric.
En revanche, le souhait d’Arnaud Montebourg de créer un champion franco-allemand de l’énergie ou du ferroviaire, sur le modèle du groupe d’aéronautique et de défense Airbus, semble avoir du plomb dans l’aile.
Pour l’heure en effet, l’activité ferroviaire de Siemens, qui fabrique notamment l’ICE, jumeau du TGV, n’entre pas dans la transaction, contrairement à ce qu’envisageait une proposition préliminaire faite en avril. Une telle union ne serait pas, en effet, sans poser des problèmes de concurrence, sans compter qu’on ne voit pas comment, après des décennies d’âpre rivalité, pourrait émerger une culture d’entreprise commune entre Alstom et Siemens.
Que va faire GE? Pressé par le gouvernement d’améliorer son offre, le conglomérat américain a réagi à la publication de l’offre de son concurrent en affirmant qu’il n’allait pas s’engager dans une guerre des prix.
Toutefois, selon une source proche du dossier, GE travaille bien à rendre son offre plus attractive, même s’il n’est pas question de renchérir. Le groupe du Connecticut étudierait notamment la possibilité de créer une coentreprise dans le transport avec Alstom et, comme le propose MHI, une alliance industrielle dans les turbines à vapeur.
Que va faire Alstom? Ce dernier a indiqué que la proposition du tandem serait examinée par le comité d’administrateurs indépendants du groupe, présidé par Jean-Martin Folz, “puis soumise au conseil d’administration dans les jours qui viennent”.
Le temps presse car l’offre de GE expire lundi.
Autre inconnue: la question d’une participation de l’Etat. L’hypothèse d’une montée de l’Etat français au capital d’Alstom à parité avec MHI, qui a proposé d’y entrer à hauteur de 10%, a été présentée la semaine passée à Paris comme un scénario “envisagé”, selon une source proche du dossier. Elle devrait être de nouveau évoquée à l’Elysée.