Même sans OGM, la France reste une priorité pour Monsanto

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à Creve-Coeur, aux Etats-Unis (Photo : Juliette Michel)

[17/06/2014 16:41:07] Paris (AFP) Monsanto, controversé géant américain de l’agrochimie, continue à faire de la France une priorité pour la recherche et la fabrication de semences, même s’il a dû renoncer à y produire des OGM devant l’opposition du gouvernement et de l’opinion.

Sur les 500 millions d’euros que le groupe compte investir dans les dix prochaines années en Europe et en Turquie, 137 ont déjà été consacrés à la France, afin d’agrandir deux usines de production de semences du Sud-Ouest.

Des semences conventionnelles, et non des OGM, insiste Monsanto, qui a jeté l’éponge sur ce sujet en France. Recherche et expérimentation ont été abandonnées en 2008 après le Grenelle de l’environnement.

“Nous n’avons pas l’intention de commercialiser des OGM dans les années à venir” en France, en raison d’un “fort blocage mis en place par les politiques, qui relayent leur opinion publique”, a réaffirmé mardi Yann Fichet, directeur des affaires institutionnelles de Monsanto France.

Début mai, le Parlement a interdit la culture du maïs transgénique. Le gouvernement compte également profiter de la décision de l’UE de laisser carte blanche aux 27 sur la culture des OGM pour “sécuriser juridiquement” l’interdiction des cultures transgéniques.

Malgré tout, “nous avons de grandes ambitions concernant l’activité agricole en France et en Europe”, souligne M. Fichet.

Car la France dispose d’atouts stratégiques aux yeux du numéro un mondial des OGM.

“La France est le premier producteur de maïs en Europe, elle reste donc un acteur important”, souligne Catherine Lamboley, présidente de Monsanto SAS, qui espère notamment développer dans le pays la production de maïs spécifiquement destiné à l’alimentation du bétail.

– Omniprésent dans les champs –

Monsanto voit la France comme un “jardin de semences” bénéficiant de conditions de climat et de sols “exceptionnels”, propices aux activités de recherche et développement, ajoute Mme Lamboley.

Autant de raisons pour continuer à y mettre au point et à y fabriquer des semences de maïs et de colza, mais aussi de légumes potagers (concombre, tomate, laitue, melon, haricots, épinards…)

Avec 11 sites et 518 employés, la France est “de loin” le pays d’Europe où Monsanto est le plus présent, calcule Didier Charrier, directeur général.

Même si le chiffre d’affaires précis n’est pas divulgué, la France représente le premier marché de Monsanto sur la zone Europe/Moyen-Orient/Asie, qui a dégagé près d’1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2013, sur un chiffre d’affaires global de 11 milliards d’euros.

La firme est donc omniprésente dans les champs de France : les semences Monsanto se retrouvent “sur 25% des terres cultivables françaises”, selon Mme Lamboley.

Un hectare de maïs sur six est planté avec des semences fabriquées par Monsanto, sous la marque Dekalb, et un hectare de colza sur deux.

Depuis 2013, 75 millions d’euros ont donc été investis pour agrandir l’usine de Trèbes (Aude), qui fabrique des semences de maïs dites “de base”. Ces graines sont ensuite plantées par des agriculteurs sous contrat avec Monsanto pour les multiplier et obtenir une production à grande échelle.

Dans le même temps, 62 millions d’euros ont été consacrés au site de conditionnement de semences de Peyrehorade (Landes). Les travaux devraient s’achever début 2015.

La France est également un marché “très important” pour le produit phare du groupe, le désherbant Roundup, utilisé par “200.000 agriculteurs et 3 millions de jardiniers”, assure Didier Charrier, directeur général de Monsanto France, sans donner de détails sur le volume des ventes de ce produit, accusé d’être hautement toxiques par des écologistes et certains agriculteurs.

En parallèle, le groupe affirme son intérêt pour le développement du biocontrôle, c’est-à-dire de produits naturels alternatifs aux pesticides.

Des alliances comme celle conclue en décembre avec le danois Novozymes, numéro un mondial des enzymes alimentaires et industrielles, “ne sont pas à exclure à en France”, reconnaît M. Fichet.