Agroalimentaire : Le Foll va recevoir les distributeurs

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éphane Le Foll le 14 avril 2014 à Sablé-sur-Sarthe (Photo : Jean-François Monier)

[17/06/2014 17:25:19] Paris (AFP) L’exaspération monte chez les producteurs agricoles et agroalimentaires, qui dénoncent la course au prix bas des distributeurs et les risques de dommages collatéraux pour leurs entreprises.

Mardi le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll l’a entendue et annoncé mardi qu’il réunirait “dans les 15 jours” les responsables de la grande distribution afin de “comprendre ce qu’il se passe” et notamment, “pourquoi on irait renégocier à la baisse les prix alors qu’on est près de la déflation”.

Il était temps. Dans les campagnes et dans les rangs des industriels, on attendait la réponse des pouvoirs publics à la lettre ouverte adressée la semaine dernière au¨Premier ministre Manuel Valls dans laquelle s’exprimaient une “vive inquiétude et colère face aux ravages de la guerre des prix”.

La négociation commerciale entre producteurs et distributeurs des grandes enseignes d’hyper et supermarchés qui s’est achevée le 28 février était censée cadrer les prix pour l’année, sauf événement majeur. Or les producteurs se plaignent des révisions à la baisse qui leur sont déjà imposées par les acheteurs.

“La loi de consommation (dite Loi Hamon) prévoyait une clause de revoyure en cas d’événement exceptionnel, mais les hausses ont commencé dès fin mars, début avril ce qui est inacceptable” confie le président de la FNSEA Xavier Beulin à l’AFP. “Ces tensions, très fortes, mettent beaucoup d’entreprises en difficulté” prévient-il.

L’autre sujet, reprend M. Beulin, porte sur l’avenir des filières alimentaires françaises: “La grande distribution trouvera toujours sur les marchés extérieurs ce dont elle a besoin, mais nous, comment devons nous envisager l’avenir?” demande-t-il. “On est pris entre des contraintes réglementaires qui pèsent sur nos coûts de revient et le discours des pouvoirs publics sur +produire et consommer français+: mais on est en train de laminer les producteurs” insiste-t-il.

Les éleveurs bovins tirent ainsi la sonnette d’alarme en dénonçant le “diktat” des prix qui les étrangle. “La pression sur le prix payé aux éleveurs s’accentue à la baisse, avec quelques centimes de moins payés chaque semaine qui creusent le déficit” accuse Thierry Rapin, de la Fédération nationale bovine.

Selon les calculs de la FNB, les prix payés au producteur ont “dévissé par rapport à l?an dernier de 10% en moyenne et de 40 centimes par kilo-carcasse, soit plus de 150 euros rapporté par animal”. En moyenne le coût de production s’élève à 4,50 euros par kilo mais le prix perçu est “désormais inférieur à 3,75 euros”.

En avril, la FNB a d’ailleurs lancé une série d’actions coups de poing contre les rayons viande des hypermarchés.

Même alerte dans la charcuterie industrielle qui a dit mardi vivre “la pire crise de son histoire” avec 1.100 emplois supprimés. Malgré une consommation stable, les chiffres sont tous dans le rouge pour 2013 (production en repli de 1,4%; investissements en chute) et 2014 ne s’annonce pas meilleure, prévient le président de la fédération des industriels Robert Volut.

Le décompte est simple, résume-t-il: depuis dix ans, les prix de la viande de porc ont augmenté de 28%, ceux des produits transformés vendus à la grande distribution de 7% et le prix de vente aux consommateurs par la grande distribution de 14%…

La semaine dernière, les industries agroalimentaire (Ania), les agriculteurs (FNSEA) et les coopératives agricoles (Coop de France) ont prévenu le Premier ministre: cette guerre “poursuivie, entretenue et amplifiée par les enseignes de la grande distribution” pourrait coûter “15.000 à 20.000 emplois”.

Mais mardi, l’ANIA se montrait conciliante: elle dit attendre surtout du gouvernement “un engagement dans la durée à soutenir la filière” agroalimentaire. “L’enjeu est de pouvoir sortir collectivement de cette situation intenable. Cela nécessite un peu de temps”.