Du haut de son perchoir, sur la colline de La Kasbah, Hakim Ben Hammouda a une vision contrastée de la Tunisie d’aujourd’hui, gouvernée depuis bientôt six mois par une équipe ministérielle, dont il fait partie, composée de technocrates indépendants. Invité, lundi soir 9 juin, de l’Association des diplômés Tunisiens des Grandes Ecoles (ATUGE), le ministre de l’Economie et des Finances voit autant de raisons de s’inquiéter que de garder espoir.
Pour M. Ben Hammouda, la «première source de préoccupation, bien avant les finances publiques et la balance courante», c’est l’investissement, tant tunisien qu’étranger, qui tarde à redémarrer, en raison des «incertitudes sécuritaires et politiques».
Les deux autres facteurs d’inquiétude résident dans ce que le ministre appelle les «deux déséquilibres jumeaux»: déficit des finances publiques et déséquilibre de la balance courante.
Les raisons d’être –un tant soit peu- optimiste, le ministre de l’Economie et des Finances en voit quatre.
D’abord, la bonne performance de l’agriculture. «On est loin des -3% de 2013», se félicite notre Grand argentier. Ensuite, la «reprise de l’activité minière et de l’industrie chimique. On n’a pas encore retrouvé le niveau de 2010, mais les chiffres s’améliorent».
Le troisième motif de l’optimisme mesuré de Hakim Ben Hammouda tient à la –relative- bonne tenue du secteur touristique. Le quatrième et dernier réside dans la baisse du taux d’inflation –d’un point, de 6,2% en 2013, à 5,2% durant les cinq premiers mois de l’année.
Pour agir sur cette situation contrastée, dans l’espoir de l’améliorer un tant soit peu, le gouvernement s’active ou entend agir sur quatre axes.
Le premier c’est la stabilisation macroéconomique vers laquelle va tendre la loi de finances complémentaire en préparation qui «sera essentielle», puisqu’«il faut ramener le déficit public à des chiffres réalistes».
Mais parce qu’«une politique de stabilisation sans croissance» équivaudrait à «une politique d’austérité», le gouvernement –c’est le deuxième axe de son action- entend prendre «quelques mesures», dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour relancer «l’investissement et surtout privé».
Le troisième volet est celui des réformes économiques. «On a commencé par la réforme bancaire et on va continuer avec la réforme fiscale», promet M. Ben Hammouda. Mais cette promesse ne semble pas convaincre Moncef Cheikhrouhou. L’économiste et membre de l’Assemblée nationale constituante (ANC) estime que «ce gouvernement a arrêté l’hémorragie et est en train de remettre le train sur les rails», mais est convaincu qu’il «n’aura pas le temps d’engager les réformes». Il doit, donc, seulement «amorcer le cap».
Last but not least, le gouvernement attache de l’importance à «l’inclusion sociale». Car «dans les périodes difficiles, il faut soutenir les plus faibles», affirme le ministre de l’Economie et des Finances. Qui se dit, malgré tout, «optimiste quant à l’avenir».