Le ministre des Affaires sociales, Ahmed Ammar Youmbai, a donné mardi le coup d’envoi du projet “amélioration de la gouvernance de la migration de main d’œuvre et protection des droits des travailleurs migrants”(IRAM) qui s’étale sur 3 ans (2013- 2015). Ce projet vise à améliorer la gouvernance de la migration de la main-d’œuvre et la protection des droits des travailleurs migrants en Tunisie, au Maroc, en Libye et en Egypte.
Le projet est réalisé conjointement avec le ministère des Affaires sociales, l’Organisation internationale du travail (OIT) et le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme en Tunisie et réalisé en partenariat avec l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) et des composantes de la société civile.
Ce projet est financé par la direction du développement et de la coopération suisse (DDC). Le projet IRAM a démarré en 2013 par la réalisation d’une étude d’évaluation sur “la gouvernance de la migration de la main d’œuvre en Tunisie” d’une durée de 6 mois, dont les résultats préliminaires ont été présentés au cours de cette rencontre et seront adoptés dans des prochaines étapes.
Selon cette étude, le nombre des migrants tunisiens à l’étranger s’élève en 2012 à plus de 1,2 million contre 698.000 en 2000 soit 11% de la population totale tunisienne. Les principaux pays d’accueil des migrants tunisiens en 2012 sont la France (54,7%), l’Italie (15,4%), la Libye (7,8%) et l’Allemagne (7,1%).
L’étude a évoqué l’absence d’un cadre législatif de la migration qui s’adapte aux exigences nationales et internationales.
Parmi les recommandations de cette étude, figure la nécessité d’élaborer deux systèmes d’information sur le marché international de l’emploi et sur la migration.
Le ministre des Affaires sociales a souligné à l’inauguration d’une conférence organisée par le bureau de l’organisation internationale du travail intitulée “le dialogue social en matière de migration de main-d’œuvre” tenue conjointement avec le projet “promotion du dialogue social et renforcement de la gouvernance du travail”, que le projet IRAM permettra de renforcer les compétences du pays dans l’élaboration de stratégies en matière de migration en vue de protéger les droits des migrants en adoptant une approche participative.
Evoquant l’importance de l’amélioration des législations et des politiques nationales de la migration, il a précisé que le ministère a entamé l’élaboration d’un plan dans le domaine de la migration favorisant la protection des travailleurs migrants.
Ce plan stratégique sera négocié en collaboration avec des partenaires nationaux et internationaux, la société civile et la communauté tunisienne à l’étranger, a-t-il souligné.
Il a appelé à créer un conseil supérieur pour les migrants garantissant une meilleure représentativité des différentes générations de la migration.
Le secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail, Kacem Afiya, a soutenu que la migration figure parmi les thèmes à prendre en considération dans les politiques de l’emploi et de la formation professionnelle ainsi que dans le domaine dela protection sociale.
De son côté, Khalil Ghariani, membre du bureau exécutif de l’UTICA, a affirmé qu’en dépit de l’existence de 1,3 million migrants tunisiens à l’étranger, la Tunisie n’arrive pas à élaborer la politique escomptée en faveur de la communauté tunisienne à l’étranger. Il a noté, d’un autre côté, le déséquilibre entre les offres du travail et la demande en Tunisie, soulignant l’existence d’un nouveau phénomène celui du recours à la main d’oeuvre étrangère pour répondre aux besoins de certains secteurs.