à Pékin (Photo : Wang Zhao) |
[18/06/2014 13:51:42] Paris (AFP) Le réseau social à finalité professionnelle Viadeo, qui compte environ 60 millions de membres, a avancé mercredi au 7 juillet, au lieu de début 2015, son entrée en Bourse très attendue sur Euronext Paris.
“On a la chance de faire partie des quelques pépites de l’Internet français, la Bourse doit permettre de faciliter notre développement international”, a expliqué le PDG et cofondateur de Viadeo, Dan Serfaty, lors d’un point-presse.
L’entreprise espère lever jusqu’à 46,3 millions d’euros, en cas d’exercice de la clause d’extension et de l’option de surallocation, l’opération se traduisant alors par l’émission de 1.993.298 actions nouvelles.
La fourchette indicative de prix est comprise entre 17,10 euros et 20,90 euros par action, ce qui valoriserait à plus de 190 millions d’euros le réseau, en prenant le point médian de la fourchette indicative du prix de l’offre, soit 19 euros.
Environ 10% de l’offre est réservée aux investisseurs particuliers qui pourront y souscrire comme les investisseurs institutionnels jusqu’au 30 juin, les échanges à la cote devant normalement débuter à partir du 7 juillet.
Malgré des revenus multipliés par sept depuis 2007, la société avait généré une perte nette de 13,1 millions d’euros en 2013, liée selon Dan Serfaty aux investissements réalisés pour la modernisation du site internet et de la plateforme mobile.
Viadeo avait levé il y a deux ans 24 millions d’euros auprès d’investisseurs, dont Bpifrance.
L?objectif principal de l’IPO vise à renforcer la force commerciale en France et en Chine (70% des fonds), notamment par le biais d’acquisitions, le reste devant être consacré à l’enrichissement technologique de la plate-forme.
Dix ans après sa création, Viadeo entend s’appuyer sur la réussite de son positionnement multi-local qui lui confère “des atouts stratégiques majeurs et des perspectives de croissance importantes”, selon son président.
Le premier réseau communautaire professionnel de France avec 8,6 millions de membres est en effet en pointe sur le marché chinois, où il est numéro un via sa plate-forme locale Tianji, qui compte 20 millions de membres.
“Nous gagnons 550.000 membres par mois en Chine”, a affirmé M. Serfaty, rappelant que Viadeo est également très présent en Russie et en Afrique francophone.
En faisant le choix de Paris, Viadeo a privilégié la poursuite de son développement à une valorisation moindre que celle qu’il aurait sans doute obtenu à Wall Street.
M. Serfaty a ainsi démenti tout désengagement prochain des fondateurs: “on n’est qu’au début, la Bourse autorise chaque actionnaire à faire ce qu’il veut de ses actions”.
– La menace LinkedIn –
“Nous estimons le potentiel du marché du e-recrutement dans le monde à plus de 30 milliards d’euros”, a-t-il par ailleurs souligné.
Le marché actuel du recrutement en ligne varie entre 150 et 200 millions d’euros en France et atteint d’ores et déjà 420 millions de dollars en Chine, où la monétisation comme dans les pays émergents est toutefois bien plus faible.
Viadeo n’a “aucune intention de faire payer un abonnement aux membres chinois” de Tianji, et compte en priorité sur le marketing pour générer des revenus, a indiqué son PDG.
Le réseau souhaite valoriser la masse des “candidats passifs”, qui ne recherchent pas particulièrement un emploi, mais peuvent intéresser les recruteurs.
L’entreprise, qui emploie 450 salariés, a aussi travaillé à améliorer la confiance que ces derniers lui accordent en ayant recours le plus souvent possible à une vérification du profil, au niveau des compétences et des parcours affichés sur le CV.
Viadeo, même s’il dispose d’un bureau à San Francisco, n’a en revanche pas d’ambition aux Etats-Unis où règne en maître son concurrent LinkedIn, avec une capitalisation boursière 100 fois supérieure.
Mais la menace pourrait provenir du géant américain qui désire s’internationaliser et regarde avec envie les pays émergents, jusqu’à présent négligés.
“Notre positionnement français et notre spécificité locale jouent plutôt en notre faveur alors qu’il y a parfois là-bas un fort sentiment anti-américain”, tient cependant à relativiser M. Serfaty.