Données privées des internautes : France Télévisions lance une charte pour plus de transparence

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élévisions a mis en place une charte qui concerne les données personnelles déclaratives ou comportementales et les données anonymes   (Photo : Lionel Bonaventure)

[18/06/2014 16:37:56] Paris (AFP) Face à la montée de l’inquiétude sur la protection de la vie privée, France Télévisions est un des premiers groupes audiovisuels en Europe à lancer une charte pour expliquer aux téléspectateurs comment leurs données personnelles sont utilisées via internet ou le replay, et comment les gérer.

Révélations sur les programmes de surveillance américains, piratage des données des clients chez eBay, Orange ou, plus récemment, Domino’s Pizza : ces derniers mois, la multiplication de ces affaires a fait naître beaucoup de méfiance autour de la surveillance des citoyens et de l’utilisation et la protection des données personnelles.

Dans ce contexte et après plusieurs mois de travail, France Télévisions a mis en place une charte qui concerne les données personnelles déclaratives (adresse email, nom, prénom, âge…) ou comportementales (centres d’intérêts, activité joueurs) et les données anonymes (cookies et autres traceurs).

Cette charte, qui sera bientôt mise en ligne, s’étend à tous les services numériques du groupe, des sites internet aux applications, en passant par le replay.

“Plus on entre dans le numérique, plus on s’est dit qu’il fallait avoir une politique claire en la matière. A l’avenir, la confiance va être au coeur des préoccupations et va distinguer les acteurs entre eux”, a déclaré à l’AFP Bruno Patino, directeur général des programmes et développements numériques du groupe public et donc moins dépendant de la publicité.

Plusieurs actions concrètes vont être mises en place à partir de trois axes : la transparence, la sécurité et l’utilité.

Coté transparence, France Télévisions a simplifié et unifié ses conditions générales d’utilisation (CGU) et sa politique de confidentialité, souvent longues, techniques et fastidieuses à lire sur les sites internet. La version simplifiée est accessible à l’adresse www.francetv.fr/politique-de-confidentialite.

En outre, le consentement de l’internaute est demandé à chaque fois que ses données personnelles sont collectées et ce dernier a la possibilité de supprimer toutes les informations le concernant.

– Crypter les bases de données –

Si ces mesures sont des recommandations de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) plus ou moins appliquées par les sites internet, France Télévisions dit vouloir aller plus loin.

Le groupe prévoit, d’ici septembre, de proposer un espace vie privée d’où l’internaute pourra gérer ses abonnements, son compte et ses cookies (fichier de traçage, ndlr). Il aura la possibilité d’activer ou désactiver les options d’identification et de traçage.

Actuellement, les données des utilisateurs sont partagées par le groupe audiovisuel avec Facebook, ses sous-traitants ou les studios de production notamment. Les contrats avec ces tiers devront donc être revus.

Pour garantir la sécurité de ses bases de données, France Télévisions va, avant la rentrée, en crypter une partie et les informations sur les internautes inactifs seront anonymisées au bout de 18 mois.

Enfin, le groupe souhaite expliquer davantage les bénéfices pour l’utilisateur dont les données sont collectées et qui peut ainsi retrouver plus rapidement les contenus qui l’intéressent. Mais le téléspectateur qui souhaite rester anonyme devra aussi, assure France Télévisions, avoir accès aux mêmes services. Par exemple, l’accès à la télévision de rattrapage et au direct ne nécessitera pas de créer un compte utilisateur.

Pour accompagner ses télénautes, contraction de téléspectateurs et internautes, le groupe va également mettre en avant des conseils et des outils pour protéger leurs données personnelles avec des sites comme Your online choice (www.youronlinechoices.com/fr).

Radio France, autre grand groupe audiovisuel public, réfléchit aussi à mettre en place une politique de ce type.

“On est à un stade beaucoup plus en amont mais ça fait partie (…) de notre responsabilité d’éditeurs”, a expliqué à l’AFP Joël Ronez, le directeur nouveaux médias de la maison ronde. “Pour l’instant, on fait une utilisation limitée des données personnelles mais on s’inspirera de ce qui aura été fait ailleurs”.

Contactés par l’AFP, les groupes privés TF1 et M6 n’ont pas souhaité faire de commentaire à ce sujet.

Au niveau européen, les groupes publics comme la BBC ou Channel4 ont montré la voie en instaurant des sites dédiés comme www.bbc.co.uk/privacy.