«L’ouverture des échanges entre la Tunisie et l’UE, dans le cadre de l’ALECA, encourage le dynamisme économique, crée de la croissance et in fine de la richesse. Au contraire, un repli sur soi pourrait avoir des effets très négatifs pour l’économie tunisienne, en ralentissant l’activité et en entravant les exportations tunisiennes, encore fragiles». C’est ce que déclare Laura Baeza, ambassadeur, chef de la délégation de l’Union européenne en Tunisie.
Mme Baeza s’exprimait, mercredi, lors d’une rencontre organisée dans le cadre des travaux préparatoires relatifs à l’Accord de libre-échange complet et approfondi, entre la Tunisie et l’UE (ALECA), visant à «impliquer de manière directe et active les organisations représentatives de la société civile, et ce, avant même le lancement formel des négociations».
Il ne faudrait pas, d’après elle, que “la Tunisie se retrouve isolée, alors qu’elle est sur la bonne voie pour réussir une transition démocratique exemplaire, et que les défis économiques et sociaux restent importants. L’offre de l’UE est une opportunité à saisir pour le pays, afin de s’engager vers des négociations équitables, transparentes, avec la participation active de la société civile et des législateurs respectifs, tout en prenant en compte, les intérêts et les spécificités de chacun. La mise en œuvre de l’accord ALECA et l’intégration au marché européen exigeront aussi, des efforts de rapprochement à l’acquis communautaire, de modernisation des institutions et de mise à niveau des infrastructures et des entreprises».
Elle a souligné la volonté de l’UE d’accompagner la Tunisie dans cette phase transitoire. Les dons accordés par l’UE ont, ainsi, évolué de 300 millions d’euros, entre 2007 et 2010, à 750 millions d’euros durant la période 2011-2014.
D’après elle, «la Tunisie sera appelée, dans les années à venir, à relever plusieurs défis liés à l’instauration d’une démocratie durable, à la relance de la croissance économique et à la promotion de la cohésion sociale».
Pour sa part, Najla Harrouche, ministre du Commerce et de l’Artisanat, a rappelé que «l’ALECA a pour objectif d’améliorer les possibilités d’accès au marché européen et de promouvoir le climat d’investissement, moyennant le renforcement de l’appui aux réformes économiques et de rapprochement réglementaire».
D’après elle, il s’agit d’aller au-delà du simple établissement d’une zone de libre échange vers un espace économique commun, ainsi que de mettre en place plusieurs accords relatifs à l’open sky, à la facilitation des procédures d’octroi de visas, à la reconnaissance mutuelle en matière d’évaluation de la conformité des produits industriels…
Fatma Oueslati, directrice des relations avec l’UE au ministère du Commerce, a fait état de l’avancement des préparatifs pour la conclusion de cet accord, notant qu’une commission nationale chargée de la préparation des négociations de l’ALECA a été formée. Cette commission est appelée à préparer les outils de négociations à partir du diagnostic et de l’analyse de l’impact du futur accord. Une commission représentative de la société civile tunisienne sera également formée, en vue de prendre part aux négociations.
Lors du débat, les représentants de la société civile ont mis l’accent sur plusieurs défaillances qui peuvent entraver la bonne marche des négociations, dont l’absence d’une culture d’implication de la société civile dans ces grands projets, le problème de la libre circulation des tunisiens en Europe, le risque que cet accord porte atteinte aux intérêts de la petite agriculture…