à Paris (Photo : Bertrand Guay) |
[20/06/2014 10:31:31] Paris (AFP) Il semble loin le temps où les hommes allaient chez le tailleur pour se faire faire leur costume. Et pourtant des trentenaires et des quadra, soucieux de leur look, reviennent au sur mesure, pour des tarifs pas forcément prohibitifs.
Les femmes ne sont plus seules à s’intéresser à la mode: les hommes s’y sont mis. Les défilés masculins, qui démarrent mercredi à Paris, suscitent d’ailleurs un intérêt sans cesse croissant.
“Les hommes suivent davantage ce qui se fait en prêt-à-porter et la suite naturelle, c’est le vêtement sur mesure”, estime le tailleur Michael Ohnona, dont la boutique “Pour hommes extraordinaires” se trouve dans le 2ème arrondissement de Paris. “Il y a de plus en plus de demande”, assure-t-il.
Ses clients ? “Des mecs qui se font plaisir, comme ils se paieraient une chaîne stéréo ou un voyage”. Ils ont la trentaine. On les imagine traders; ils sont en majorité ingénieurs: “le vrai ingénieur, celui qui construit des ponts”, confie le tailleur.
Ils recherchent “du temps pour soi”. Beaucoup de ses clients viennent lui demander leur costume de mariage. “On est entre mecs, mais en toute élégance, comme dans un club”.
Le tailleur reçoit une trentaine de commandes par mois. Il faut compter six semaines pour un costume. Michael Ohnona prend les mesures, envoie la fiche à des ateliers en République Tchèque, Pologne ou Italie. Puis il procède à des retouches après un premier essayage. Le client repart finalement, son costume sous le bras, après le deuxième essayage, allégé d’un millier d’euros: le costume coûte entre 950 et 1.500 euros.
– En quête de singularité –
Les Nouveaux ateliers font eux produire leurs costumes à Shanghai, en Chine. Le prix d’appel est difficile à battre: 290 euros. Mais les tarifs vont jusqu’à 895 euros et même 1.695 euros pour “un tissu d’exception”.
Le tissu, le col, la couleur des boutons, la doublure, les poches: “Vous choisissez tout!”, explique Nicolas Wolfovski, cofondateur des Nouveaux ateliers. Puis le client entre dans “la cabine 3D”, qui prend “plus de 200 points de mesure en moins d’une seconde”.
à Paris (Photo : Bertrand Guay) |
Le marché de l’homme est “bipolaire”, selon M. Wolfovski: “Il y a du haut de gamme cher et du bas de gamme très accessible”. Lui vise “le creux” entre les deux et parle volontiers de sa “success story”: plus de 25.000 clients, plus de 100.000 produits vendus. “Nous sommes le leader du sur mesure en France”, dit-il fièrement.
Les Nouveaux ateliers ont démarré il y a 4 ans, et compteront neuf adresses fin 2014. Ils visent maintenant le marché anglais, et pourquoi pas, après, les Etats-Unis.
Les créateurs de la marque masculine Melinda Gloss n’ont pas cette ambition. Ils proposent du sur mesure, comme “un service supplémentaire aux bons clients”. C’est une façon “d’élargir le choix” pour des clients, souvent trentenaires, “en recherche de singularité”. Mais pas question de se faire faire un costume rose ou bleu blanc rouge: les créations doivent être en phase avec l’identité de la marque, qui défilera le 27 juin à Paris.
Ils ont sélectionné une cinquantaine de tissus anglais, de la maison Holland and sherry. Les costumes sont réalisés à Limoges, dans la même usine que ceux du prêt-à-porter. Ils les vendent entre 700 euros et 1.000 euros, alors qu’en boutique, les costumes sont vendus 650 euros.
“Il y a de plus en plus de demande”, confie Mathieu de Menonville, cocréateur de la marque. Mais pour cet élégant trentenaire, ce n’est pas nouveau: avant même de créer Melinda Gloss, il y a 5 ans, il se faisait faire ses costumes. Pour lui, le sur mesure “fait partie d’un mode de vie masculin”.