éricain AbbVie a jeté son dévolu sur Shire qui refuse de céder à ses avances (Photo : Fred Dufour) |
[20/06/2014 11:39:53] Londres (AFP) Le groupe pharmaceutique américain AbbVie a confirmé vendredi avoir jeté son dévolu sur Shire qui refuse de céder à ses avances, présage d’une nouvelle bataille dans un secteur en pleine ébullition.
Perçu depuis des mois comme la prochaine cible de la fièvre de fusions-acquisitions qui agite la pharmacie mondiale, Shire a été approché le mois dernier par AbbVie, a indiqué ce dernier dans un communiqué, confirmant des informations de presse.
L’américain précise avoir mis initialement sur la table une offre à 39,50 livres par action, avant de la revoir à la hausse à deux reprises pour atteindre 46,26 livres par titre.
Un prix qui valorise Shire, groupe d’origine britannique coté à Londres mais basé à Dublin en Irlande, à 27 milliards de livres (33,7 milliards d’euros), et représente une prime de 23% par rapport au cours de clôture de jeudi soir.
Mais le compte n’y est pas pour Shire qui a rejeté sans l’ombre d’une hésitation les offres de son concurrent.
“Nous pensons que Shire a un avenir prometteur en tant que société indépendante”, a martelé Susan Kilsby, la présidente du groupe spécialisé dans les maladies rares et l’hyperactivité.
Après une rencontre entre les directions des deux groupes, suite à la dernière offre d’AbbVie présentée le 30 mai, “le conseil d?administration de Shire a décidé à l’unanimité de rejeter cette proposition car elle sous-évaluait fondamentalement le groupe et ses perspectives”, a indiqué Shire.
La dernière offre d’AbbVie était composée de 20,44 livres en numéraire (44%) et de 0,7988 action AbbVie (56%) pour chaque action de sa cible, a détaillé Shire. Soit 46,11 livres par titre, selon le calcul de Shire qui diffère légèrement de celui d’AbbVie.
“Cette proposition faisait suite à deux précédentes propositions également rejetées”, a précisé Shire.
Comme dans le cas d’autres rachats ou tentatives de rachats récents dans le secteur, dont celle du britannique AstraZeneca par l’américain Pfizer, l’aspect fiscal est central dans l’offre d’AbbVie.
Selon Shire, l’américain voudrait se domicilier fiscalement au Royaume-uni, s’il parvenait à mettre la main sur sa cible, afin de réduire son ardoise.
– Vers une nouvelle bataille boursière ? –
Conformément à la réglementation boursière britannique, AbbVie a désormais jusqu’au 18 juillet pour déposer une offre ferme sur Shire ou jeter l’éponge. Pour l’heure, les discussions entre les deux groupes sont suspendues.
Le rejet des offres d’AbbVie par Shire pourrait laisser présager une nouvelle bataille après celle ayant opposé AstraZeneca à Pfizer, qui a fini par tourner les talons fin mai après avoir relevé son offre à plusieurs reprises.
A la Bourse de Londres, les investisseurs semblaient en tout cas y croire, le titre Shire s’envolant de 10,70% à 4.138 pence (41,38 livres), vers 09H10 GMT, dans un marché en hausse de 0,29%.
Shire affiche en effet haut et fort son indépendance et claironne que sa stratégie a permis “d’accélérer significativement la croissance et d’augmenter les retours pour les actionnaires au cours des douze derniers mois”.
Un rachat par AbbVie “empêcherait les actionnaires de Shire de toucher les bénéfices de la stratégie de croissance”, insiste Shire qui table sur une multiplication par plus de deux de ses ventes annuelles à dix milliards de dollars en 2020.
Shire a dégagé l’an dernier un chiffre d’affaires de 4,934 milliards de dollars pour un bénéfice net de 665,1 millions. Et le groupe est très confiant pour 2014 grâce à l’acquisition de l’américain ViroPharma, spécialisé dans le traitement de l’angio-oedème héréditaire, pour 4,2 milliards de dollars.
Issu d’une scission du groupe Abbot, effective depuis le 1er janvier 2013, AbbVie est spécialisé pour sa part dans la recherche biopharmaceutique, avec comme axes principaux la lutte contre le cancer, le sida, l’excès de cholestérol et certaines maladies infantiles.
Basée à North Chicago (Illinois, nord des Etats-Unis), la société a dégagé l’an dernier un bénéfice net de 4,1 milliards de dollars sur des ventes totales de 18,8 milliards. Elle est valorisée 86,2 milliards de dollars (63,3 milliards d’euros) en Bourse.