“La recherche scientifique constitue un fondement essentiel pour rationaliser les décisions politiques”. C’est l’avis du chercheur en agriculture, Amor Chermiti qui ajoute que “le manque de coordination entre les chercheurs et les centres de recherche a un impact négatif sur le rendement du secteur agricole en Tunisie”, au cours d’une conférence sur “la recherche scientifique dans le domaine agricole et son rôle dans le développement du secteur: les problèmes et les impacts directs”, organisée samedi dernier par la Fondation Temimi pour la recherche scientifique et de l’information.
Pour le chercheur, “l’absence d’une stratégie nationale de recherche et de modèles de développement clairs et participatifs est à l’origine de la propagation des maladies et des fléaux comme la salinité du sol, l’érosion et la désertification”.
Dans ses calculs, la Tunisie perd entre 20 et 30 hectares de terres par an à cause des phénomènes climatiques, notamment l’érosion, et que le forage anarchique des puits et la surexploitation de la nappe phréatique sont les causes de la salinité des eaux.
En outre, la Tunisie n’a plus l’autosuffisance alimentaire puisqu’elle importe plus de 50% de ses besoins alimentaires, due à la régression de la production des céréales qui a atteint 15 quintaux/hectare contre 50 quintaux/hectare après l’indépendance.
Chermiti a indiqué que la consommation du Tunisien en lait a augmenté de 50 litres en 1980, à 150 litres en 2012, tandis que la consommation des viandes est passée de 70 kg à 230 Kg, lors de la même période.
Pour lui, la croissance de la production nationale de lait et de viandes rouges s’explique par la hausse du nombre de têtes de bétails et non par l’amélioration des races.
Il estime également que les pouvoirs publics n’accordent pas d’importance à l’identification des priorités en matière de recherche agricole. Pour preuve, il avance la faiblesse des structures de recherche et l’éparpillement de leurs efforts au nom de “la décentralisation”.
Dans ce domaine, il dénonce “la concurrence déloyale entre les structures de recherche” dans l’agriculture, les appelant (structures) à réunir leurs efforts et à tirer profit des programmes de recherche précédents.
Il a appelé à renforcer le rôle des ingénieurs agronomes spécialistes dans la vulgarisation agricole et à intensifier les rencontres et la coopération entre les pays porteurs dans le domaine de la recherche.
Il s’agit en outre de renforcer le partenariat entre les secteurs public et privé et de développer le contact direct entre le chercheur et l’agriculteur.
La recherche scientifique, en général et agricole en particulier, permet de mobiliser des recettes financières importantes, a conclu Charmiti, rappelant que de plus en plus de pays du monde oeuvrent à obtenir des plants génétiques productifs.
Il a appelé à renforcer le budget octroyé à la recherche scientifique et à accorder davantage d’intérêt à l’enseignement scientifique, les centres et les entreprises de recherche, tout en tirant profit des nouvelles technologies.