éroport Roissy près de Paris, le 11 juin 2013 (Photo : Fred Dufour) |
[23/06/2014 15:02:34] Paris (AFP) La grève lancée par un syndicat minoritaire de contrôleurs aériens, prévue de mardi à dimanche, affectera un quart des vols en moyenne, notamment dans le Sud où l’Aviation civile a demandé lundi aux compagnies de réduire de 20% leurs vols le premier jour.
L’Unsa-ICNA, troisième syndicat des aiguilleurs du ciel (22,4% des voix aux élections professionnelles), a appelé à la grève du 24 au 29 juin pour protester contre les moyens trop faibles, selon lui, accordés à la navigation aérienne pour 2015-2019.
Le SNCTA, premier syndicat (41%) parmi les 4.000 contrôleurs aériens, avait lui levé son préavis dimanche à la suite d’ultimes négociations avec le gouvernement sur “le plan de performance” à cinq ans que la France doit présenter d’ici au 30 juin à Bruxelles.
Selon le secrétariat d’Etat aux Transports, environ 75% des vols devaient être assurés en moyenne pendant la semaine. Assujettis au service minimum, les contrôleurs aériens peuvent être réquisitionnés pour permettre d’assurer au minimum 50% du trafic.
Pour atténuer les désordres, la direction générale de l’aviation civile (DGAC) a invité lundi les compagnies à supprimer 20% de leurs vols dans les aéroports de Lyon, Marseille, Toulouse et Bordeaux.
Elle demande la même réduction au départ des aéroports de la région parisienne sur une série de destinations: sud de la France, Espagne, Portugal, Maroc, Tunisie et Algérie.
Les perturbations sont attendues plus fortes dans la portion Sud-Est du ciel aérien français car l’Unsa-ICNA est majoritaire au centre de contrôle d’Aix-en-Provence.
La DGAC invite les passagers à se rapprocher de leur compagnie pour vérifier si leur vol est maintenu.
– Des outils ‘obsolètes’ –
Air France a indiqué pour sa part qu’elle prévoyait d’assurer la totalité de ses vols long-courriers et 90% de ses vols court et moyen-courriers (France-Europe).
éroport de Montpellier dans le sud de la France, le 11 juin 2013 (Photo : Pascal Guyot) |
Malgré les “avancées” rapportées dimanche tant par le SNCTA que par le secrétaire d’Etat aux Transports Frédéric Cuvillier, l’Unsa-ICNA juge toujours le plan de moyens du gouvernement insuffisant.
Les redevances acquittées par les compagnies sont une ressource majeure. Bruxelles ainsi que les compagnies aériennes poussaient à leur baisse. A l’issue de plusieurs mois de discussions, le gouvernement propose d’augmenter la redevance route et de baisser celle acquittée pour les services offerts à proximité des terminaux.
“Le gouvernement n’a pas amendé significativement le plan de performance, la hausse de la redevance restera symbolique”, a regretté auprès de l’AFP Christophe Merlin (Unsa-ICNA).
Pour éviter d’accroître la dette de la DGAC, ce syndicat réclame une hausse du taux de redevance route de 10%, “comme l’a fait l’Allemagne”.
Selon le SNCTA, elle sera supérieure aux 5% annoncés avant les dernières négociations du week-end. Sans vouloir dévoiler son montant, le syndicat précise avoir obtenu “une hausse supplémentaire équivalant à 60 millions d’euros de plus”.
“Après 9 mois de négociation et la menace d’une grève de six jours. On a réussi à inverser la tendance en passant d’une baisse programmée pour satisfaire Bruxelles à une hausse significative des budgets pour garantir les investissements”, estimé lundi Roger Rousseau, secrétaire national du SNCTA.
Mais “surtout”, dit-il, “on a obtenu de pouvoir s’extraire de ce carcan du plan de performance: en cas de besoins identifiés d’investissements, le ministère s’est engagé à rehausser la redevance au cours de la période”, a-t-il ajouté.
Pour M. Merlin (Unsa-ICNA), “seule l’assiette des coûts pourra être modifiée en cours de route, pas le taux. C’est l’endettement qui comblera la différence”.
Tous les syndicats s’accordent à juger “obsolètes” les outils de navigation français. Le coeur du système informatique, le calculateur automatique de trafic “Cautra”, date des années 80. Il doit être remplacé par un système de gestion des vols développé par Thalès, baptisé Coflight.
Parallèlement, les instruments de contrôle doivent aussi être changés. Eux aussi ont vieilli: selon le SNCTA, tous les écrans radars du centre de contrôle d’Aix-en-Provence ont été récemment changés “en urgence” après “une vingtaine d’écrans noirs en 18 mois”.