à San Francisco après son accident (Photo : Josh Edelson) |
[25/06/2014 05:24:57] Washington (AFP) L’agence américaine de sécurité des transports (NTSB) a suggéré mardi que le Boeing 777 de la compagnie Asiana s’était écrasé en juillet à San Francisco en raison d’une “mauvaise gestion” dans le cockpit et d’un système automatisé mal compris des pilotes, ce que Boeing a contesté.
La NTSB, qui était interrogée lors d’une audition au Congrès, cite plusieurs éléments ayant participé à cette mauvaise gestion: une mauvaise formation des pilotes et la difficulté à stabiliser l’appareil en atterrissant.
Les pilotes du Boeing 777 de la compagnie sud-coréenne dépendaient trop de systèmes automatisés qu’ils ne comprenaient pas, a estimé le président par intérim de la NTSB, Christopher Hart. “Le Boeing 777 est l’un des appareils les plus sophistiqués et automatisés en service”, a-t-il souligné.
Et “plus le système automatisé est compliqué, plus c’est un défi de s’assurer que les pilotes le comprennent correctement”, a-t-il ajouté.
“Dans ce cas précis, les membres d’équipage ont trop compté sur des systèmes automatisés qu’ils ne comprenaient pas entièrement. Et c’est comme cela qu’ils ont fait voler l’appareil trop lentement et que celui-ci a percuté une digue au bout de la piste d’atterrissage”, a-t-il expliqué.
Dans un communiqué, Asiana s’est dit d’accord avec les “multiples facteurs” mis en avant par la NTSB pour expliquer l’accident. La compagnie a aussi pointé “la complexité d’utilisation du pilote automatique et de l’automanette”, dont la NTSB elle-même a jugé “qu’ils étaient expliqués de manière lacunaire dans les manuels fournis par Boeing”.
Mais Boeing a affirmé dans un communiqué qu’il n’était “pas d’accord avec la déclaration de la NTSB selon laquelle le système de vol automatisé a contribué à l’accident”. “Cette conclusion n’est pas étayée pas des preuves”, souligne-t-il, en faisant valoir le bilan “extraordinaire” du 777 en matière de sécurité.
Le chef des enquêteurs Bill English a indiqué qu’Asiana insistait pour que “l’automatisation soit utilisée au maximum” par ses pilotes, comme l’utilisation de pilotes automatiques quand l’appareil est pourtant à une basse altitude (330 mètres).
Or “les compétences d’un pilote se dégradent quand elles ne sont pas mises en pratique”, a relevé M. English.
Le pilote du Boeing accidenté, Lee Kang-Kuk, réalisait son premier vol opérationnel à bord d’un Boeing 777 et volait avec comme co-pilote un instructeur, qui lui-même était formateur pour la première fois.
Un autre membre de la NTSB, Robert Sumwalt, ancien pilote, a mis en doute le fait que l’accident ait été dû à la compétence de l’équipage. “Le pilote s’attendait à ce que l’avion fasse quelque chose pour lui qu’il n’était pas sensé faire” et “cela est sans doute plus répandu qu’on ne le pense”.
Le 6 juillet, le vol 214 d’Asiana Airlines, en provenance de Séoul, s’était écrasé à l’aéroport de San Francisco après que la queue de l’appareil eut heurté une digue séparant la piste d’atterrissage d’un plan d’eau.
L’avion transportait au total 307 personnes. L’accident avait fait 200 blessés et trois morts, dont une adolescente chinoise qui avait survécu au crash mais avait été écrasée par un camion de pompiers pendant les opérations de secours.