Le Conseil d’administration de la Banque centrale de Tunisie a publié, mercredi 25 juin, son rapport mensuel des indicateurs économiques du pays.
Pour ce faire, le Conseil a examiné les évolutions récentes de la conjoncture internationale et a pris connaissance, entre autres, des dernières données sur la croissance économique mondiale publiées par la Banque mondiale durant le mois de juin 2014.
La hausse des prix du pétrole inquiète la BCT
En effet, la BM note qu’une accélération du rythme de la croissance de l’économie mondiale est attendue durant l’année en cours, et qui pourrait atteindre 2,8% et 3,4% en 2015, grâce à la reprise au niveau des pays développés.
En revanche, la croissance demeurerait en deçà des attentes dans les pays en développement. C’est pourquoi la BM leur recommande d’entamer les réformes structurelles nécessaires.
Pour sa part, le Conseil de la BCT a noté la hausse récente des prix internationaux du pétrole ayant atteint 114 dollars après une période de stabilisation sous le seuil des 110 dollars le baril, et ce en rapport avec les tensions géopolitiques; ce qui aurait pour effet d’accentuer les pressions sur les équilibres financiers du pays.
Prévisions positives…
Sur le plan national, la BCT s’est penchée sur les dernières prévisions de la Banque mondiale de la croissance économique pour la Tunisie. Ces prévisions montrent de prémices d’une évolution positive de la conjoncture nationale comme en témoigne le relèvement du niveau de la croissance économique par rapport aux prévisions de janvier 2014, soit de 2,5% à 2,7% pour l’année en cours, et de 3,3% à 3,5% pour 2015 contre des prévisions de 2,8% et 3,5%, respectivement pour le FMI et 2,3% réalisés en 2013.
Sur le plan sectoriel, et grâce aux conditions climatiques favorables ayant marqué l’actuelle saison agricole, la récolte céréalière devrait atteindre 24,5 millions de quintaux contre des prévisions antérieures qui tablaient sur 22 millions de quintaux, et 13 millions réalisés la campagne précédente.
Repli de la production industrielle
Cependant, l’indice de la production industrielle a enregistré un repli en mars 2014 (-0,8% en glissement annuel), sous l’effet de la contraction de la production aussi bien dans les industries manufacturières que non-manufacturières, parallèlement à la baisse de la plupart des indicateurs avancés de l’activité dans le secteur au mois de mai 2014.
Idem pour le secteur des services, où les principaux indicateurs de l’activité touristique ont accusé un repli en mai 2014 par rapport au même mois de l’an passé, alors que le transport aérien a enregistré une nette reprise.
Elargissement du déficit courant
Pour ce qui est du secteur extérieur, le Conseil s’inquiète de la poursuite de l’élargissement du déficit courant ayant atteint 4,6% du PIB au cours des cinq premiers mois de 2014, contre 3,9% pour la même période de 2013. Ce déficit est essentiellement dû à la détérioration du déficit des échanges commerciaux avec l’extérieur, notamment pour l’énergie et les produits alimentaires, malgré la légère contraction des importations de ces derniers.
Ceci a engendré, en conjugaison avec le repli des entrées au titre des investissements extérieurs, la persistance des pressions sur le niveau des avoirs nets en devises qui est revenu à 10.555 MDT ou l’équivalent de 94 jours d’importation, en date du 24 juin, contre 106 jours au terme de l’année 2013.
Résurgence des tensions inflationnistes
Concernant l’évolution des prix, le Conseil a exprimé ses craintes quant à l’apparition de signes de résurgence des tensions inflationnistes après une certaine période de détente. En effet, l’indice général des prix à la consommation a poursuivi sa hausse en mai 2014 pour le deuxième mois consécutif pour atteindre 5,4% en glissement annuel contre 5,2% le mois précédent, sous l’effet de l’accélération des prix des produits alimentaires, des produits manufacturés et des services.
5,6 milliards de dinars injectés quotidiennement…
En revanche, l’analyse de l’évolution de l’activité du secteur bancaire montre une amélioration du rythme d’accroissement des dépôts durant les cinq premiers mois de 2014 (2,7% contre 1,2% pour la même période de 2013), accompagné d’une évolution plus rapide des concours à l’économie durant la même période (3,8% contre 3% l’an passé).
S’agissant des dernières évolutions monétaires, la BCT a relevé l’accroissement des besoins en liquidités des banques à un rythme accéléré au cours du mois de juin 2014, ce qui a entraîné une intervention de la Banque centrale pour réguler la liquidité à hauteur de 5,6 milliards de dinars en moyenne quotidienne, jusqu’au 24 du même mois, contre 5,3 milliards en mai dernier.
Parallèlement, le taux d’intérêt moyen sur le marché monétaire s’est établi à 4,73%, au cours de la même période, contre 4,70% le mois précédent.
Dépréciation du dinar face à l’euro et au dollar
Sur le marché des changes, le Conseil a constaté la dépréciation de la valeur du dinar, durant le mois de juin, vis-à-vis de l’euro et du dollar américain avec des taux de change atteignant 2,2805 dinars et 1,6654 dinar, au 23 du même mois (-2,4% et -1,9%, respectivement). Ainsi, par rapport au début de l’année, la valeur du dinar a baissé de 1,1% par rapport à l’euro et de 0,6% contre le dollar. Cette tendance baissière du taux de change du dinar au cours des derniers mois a eu pour effet d’absorber l’appréciation de la valeur du dinar enregistrée durant le premier trimestre de 2014.
A la lumière de ces évolutions, le Conseil a rappelé la montée des risques sur les équilibres financiers internes et externes avec la dégradation continue de la situation du secteur extérieur qui pourrait s’aggraver davantage au cours des prochains mois, parallèlement au retour des tensions inflationnistes en raison de multiples facteurs dont l’augmentation des coûts salariaux et la baisse de la productivité outre l’orientation à la hausse des prix des produits importés.
Le taux directeur passe de 4,50 à 4,75%
Aussi, le Conseil appelle toutes les parties prenantes à prendre leurs responsabilités et à contribuer aux efforts visant la reprise du rythme de l’activité économique et l’atténuation des déséquilibres financiers.
Egalement et afin de contenir les effets de la hausse de l’inflation et son impact sur la détérioration du pouvoir d’achat du citoyen, le Conseil a décidé de relever le taux d’intérêt directeur de la Banque centrale de 25 points de base pour le porter à 4,75%.
Les données sur la conjoncture économique et financière sont disponibles sur le site web de la Banque Centrale de Tunisie: www.bct.gov.tn