étallurgie Numsa manifestent à Johannesburg le 19 mars 2014 (Photo : Mujahid Safodien) |
[26/06/2014 14:06:07] Johannesburg (AFP) Le puissant syndicat sud-africain de la métallurgie Numsa a appelé à la grève plus de 220.000 ouvriers du secteur pour obtenir de meilleurs salaires, promettant de paralyser l’industrie, alors que le pays sort d’une grève record dans les mines de platine.
Les instances du Numsa “ont entériné la décision de nos membres de se mettre en grève illimitée à partir du 1er juillet”, a déclaré jeudi à la presse le secrétaire général adjoint de l’organisation syndicale, Karl Cloete, après avoir chaleureusement félicité les mineurs de platine pour “leur victoire”.
“Nous allons faire grève, et bloquer l’industrie”, a-t-il affirmé, précisant avoir ramené les exigences salariales à 12% au lieu de 15% exigés au début du mois.
L’Afrique du Sud connaît actuellement un pic d’inflation (6,6% en rythme annuel en mai) alimenté par le poids de la facture pétrolière et la dépréciation du rand.
Le Numsa, branche la plus puissante numériquement et à l’aile gauche de la confédération syndicale du Cosatu, a aussi appelé à la grève le personnel de la compagnie publique d’électricité Eskom dont la direction a proposé 5,6% de hausse de salaire à ses quelque 10.000 salariés.
“Ce n’est pas notre intention de plonger le pays dans le noir”, a affirmé M. Cloete, alors qu’Eskom a déjà beaucoup de retard sur plusieurs chantiers de nouvelles centrales thermiques et peine à couvrir les besoins en électricité du pays.
Les salariés d’Eskom n’ont en principe pas le droit de grève en raison d’une clause sur les services essentiels.
“Nos membres ne vont pas se laisser dissuader de faire grève cette fois”, a-t-il néanmoins ajouté, accusant la direction de payer “des cacahuètes aux ouvriers comme s’ils étaient des singes”.
Une grande partie des adhérents de Numsa sont employés dans le secteur automobile, déjà affecté par des grèves massives l’an dernier. Ces grèves, combinées à celles du secteur minier, avaient fortement pesé sur l’activité économique nationale.
Les usines automobiles “ne font pas partie du mouvement, a toutefois précisé à l’AFP un porte-parole du Numsa, Castro Ngobese, “mais elles pourraient être affectées du point de vue de leur approvisionnement”.
Des grands noms du BTP comme Murray Roberts ou ArcelorMittal pourraient être affectés.
En 2013, les sept usines automobiles sud-africaines, possédées par BMW, General Motors, Ford, Mercedes, Nissan, Toyota et Volkswagen, avaient connu 21 jours de grève fin août-début septembre. Une autre grève avait ensuite démarré dans le secteur des composants automobiles.
Mercredi, des milliers de mineurs ont repris le travail après cinq mois de grève dans les principales mines de platine et la signature d’un accord salarial sur trois ans.
Les grévistes ont obtenu des augmentations de salaires supérieures à l’inflation, assorti d’un rattrapage historique pour les mineurs les moins qualifiés d’environ 18% la première année.
Le Numsa, qui revendique 340.000 adhérents, est avec Amcu, le syndicat des mineurs de platine, le fer de lance des critiques anti-ANC, le parti de feu Nelson Mandela qui domine la vie politique sud-africaine depuis 1994. Le Numsa accuse l’ANC de n’avoir rien fait pour “briser l’économie capitaliste coloniale d’apartheid fondée sur la super-exploitation de la main d’oeuvre noire et africaine”. L’organisation syndicale a l’intention de lancer un parti d’ici 2016.