Japon : chute vertigineuse de la consommation mais chômage au plus bas en 17 ans

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çant de Ginza, à Tokyo, le 14 juin 2014 (Photo : Yoshikazu Tsuno)

[27/06/2014 05:43:17] Tokyo (AFP) La consommation des ménages japonais a chuté aussi brusquement en mai après une hausse de taxe qu’elle l’avait fait en mars 2011 après le tsunami, mais cela ne reflète pas nécessairement une dégradation générale de l’état du pays où le chômage est au plus bas depuis près de 17 ans.

Moins 8% en mai sur un an alors que les économistes prédisaient -2%: l’annonce vendredi par le ministère des Affaires intérieures des chiffres de la consommation des foyers nippons a surpris.

Victime d’une hausse de la “TVA japonaise”, la consommation a plus dévissé en mai qu’en avril et ce alors même que les commerces disent avoir été moins désertés que redouté.

Les ventes au détail n’ont décliné que de 0,4% en mai sur un an, contre plus de 4% en avril.

L’explication se trouve dans les arbitrages. Dans les mois précédant l’augmentation le 1er avril à 8% (contre 5%) de la taxe sur la consommation, les acheteurs s’étaient rués dans les boutiques.

A contrario, en avril et mai, ils ont en partie vécu sur leurs stocks les premières semaines et n’ont pas ou peu investi dans des biens durables ou semi-durables pas plus que dans les travaux de rénovation de leurs logements, tout en réduisant les dépenses moins indispensables afin de privilégier le reste.

Et pour cause: du fait de cette hausse de taxe, les prix à la consommation, hors ceux des produits périssables, ont bondi de 3,4% en mai sur un an, du jamais vu en 32 ans.

Si le Japon n’a pas encore officiellement annoncé la fin de la déflation qui a sévi pendant une quinzaine d’années, les tarifs ont quand même recommencé à grimper nettement depuis l’an passé: +1,3% entre décembre 2013 et mars 2014.

En avril et mai, c’est surtout la hausse de taxe (une première en 17 ans) qui a joué, mais la tendance positive existe désormais sous l’effet de la vigoureuse politique d’assouplissement monétaire de la Banque du Japon qui a pour mission d’en finir durablement avec la déflation qui décourage la consommation des particuliers et l’investissement des entreprises.

En instillant l’idée que les prix vont s’élever, la BoJ incite consommateurs et entrepreneurs à dépenser plus et plus rapidement.

– Le quasi plein emploi –

Au-delà des oscillations brutales liées à la hausse de taxe, l’important sera de voir si la troisième puissance économique mondiale sera capable d’augmenter la demande intérieure dans les prochain mois, sans seulement compter sur l’aide des pouvoirs publics.

Pour cela, estiment les économistes, il n’y pas de mystère, il faut que les revenus augmentent.

C’est un enjeu de taille pour la politique de relance “Abenomics” du Premier ministre de droite Shinzo Abe qui a promis au patronat une baisse des impôts sur les bénéfices des sociétés en échange d’une plus grande générosité salariale.

Si ces appels du pied ne sauraient suffire, un autre élément va dans le bon sens: l’embellie sur le marché de l’emploi.

En mai, le chômage est tombé à 3,5% de la population active, un record de faiblesse depuis décembre 1997.

La méthode de comptabilisation officielle tend certes à minimiser les chiffres en excluant les personnes qui effectuent ne serait-ce que quelques heures par mois, mais l’amélioration est réelle.

On comptait en mai 109 offres d’emploi pour 100 demandes, un ratio inédit depuis plus de deux décennies, selon le ministère du Travail.

Il existe toutefois de grandes disparités entre les régions, les mégapoles de Tokyo, Nagoya et Osaka étant privilégiées.

Certains secteurs, comme celui du bâtiment, ont besoin de main-d’oeuvre, du fait de la demande liée à la reconstruction après la catastrophe du nord-est en 2011 et avant les jeux Olympiques à Tokyo en 2020.

Forte demande de personnels également dans le domaine des soins du fait d’une population âgée en forte croissance.

Dans la restauration et le commerce de détail, les salariés, souvent sous contrat à durée déterminée ou engagés à la journée, ont par ailleurs tendance à changer rapidement d’employeur, ce qui incite de plus en ces derniers à augmenter ou titulariser les meilleurs éléments pour les garder.