Tourisme : Fabius à la rescousse des hôteliers contre la hausse des taxes de séjour

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ée royale du château de Versailles, destination touristique de choix (Photo : Bertrand Guay)

[29/06/2014 15:06:37] Paris (AFP) Le gouvernement, qui compte sur l’économie du tourisme pour relancer l’emploi, a appelé avec virulence dimanche les députés à revenir sur la hausse des taxes de séjour, qui fait hurler les professionnels de l’hôtellerie.

Au grand dam des professionnels de l’hôtellerie, un amendement socialiste voté mercredi soir à l’Assemblée nationale a rendu possible un quintuplement (jusqu’à 8 euros) de la taxe de séjour dans les communes pour les hôtels 3, 4 et 5 étoiles.

Le lendemain, elle a également voté la création d’une taxe de séjour spécifique à l’Ile-de-France de 2 euros par nuitée destinée à financer les transports en commun, lors du débat sur le projet de budget rectificatif 2014.

Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, en croisade pour mieux vendre la destination France, a jugé dimanche “impératif de renoncer” à ces hausses, “dangereusement et totalement contraires à la promotion du tourisme qui est une priorité pour l’emploi et l’équilibre extérieur de la France”.

Regrettant leur adoption “sans concertation avec les professionnels”, Laurent Fabius a appelé à “trouver d’autres pistes dans la suite de la discussion parlementaire”.

La sortie du chef de la diplomatie, qui a intégré le tourisme à son périmètre depuis le remaniement du printemps, a été bien accueillie par les professionnels du tourisme, premiers à s’inquiéter de cette nouvelle taxation.

“Nous nous réjouissons que notre ministre de tutelle ait pris position” contre ces taxes et “nous espérons que cela permettra aux députés de garder raison”, a déclaré à l’AFP Didier Chenet, co-président du GNI, qui regroupe trois organisations de l?hôtellerie, de la restauration et des cafés (Synhorcat, la CPIH et la Fagiht).

Selon M. Chenet, ces taxes qui s’appliquent aux touristes étrangers comme aux Français représentent “500 millions de taxes supplémentaires” par an et diminuent d’autant le pouvoir d’achat des touristes.

– ‘Déficit de gouvernance’ –

Pour sa part, le directeur du cabinet Protourisme, Didier Arino, a estimé que le constat de M. Fabius était “juste”, mais il souhaiterait une “garantie de non mise en application de ces mesures par le gouvernement”, a-t-il indiqué à l’AFP.

Selon lui, le vote de ces taxes par le Parlement montre “un vrai déficit de gouvernance” et il appelle de ses v?ux des “mesures fortes”, décidées en concertation avec les professionnels.

Le ministère pointe que ces taxes “sont contradictoires avec l’engagement solennel pris par le Président de la République et le Premier ministre de stopper l’alourdissement inconsidéré des taxes”. Mais elles sont également “incohérentes avec le fait que les députés sont en train de procéder précisément à une étude d’ensemble de la fiscalité du tourisme”.

En effet, “la France est classée dernière par le World Economic Forum en termes de rapport qualité/prix dans le tourisme, et la clôture des Assises (du tourisme, la semaine dernière, NDLR) visait justement à traiter la compétitivité de notre tourisme au niveau mondial”, souligne-t-on de source gouvernementale.

A cette occasion, le gouvernement avait annoncé une trentaine de mesures pour dynamiser le tourisme en France, avec une remise à niveau de l’offre touristique en améliorant l’accueil, notamment dans les gares et les aéroports, en formant les professionnels, et en encourageant l’ouverture des magasins à Paris le dimanche.

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élébrissime Tour Eiffel et les fontaines au pied du Trocadéro, à Paris, le 18 juin 2014 (Photo : Miguel Medina)

L’annulation de l’augmentation des taxes de séjour poserait toutefois d’autres problèmes, comme le financement de la rénovation des transports en Ile-de-France.

La nouvelle taxe de séjour de 2 euros pour la région parisienne, qui serait instituée à partir du 1er septembre, permettrait de dégager environ 140 millions d’euros par an, soit quasiment le montant de ressources nouvelles (150 millions d’euros) que le gouvernement s’était engagé à trouver en signant en juillet 2013 un protocole de financement des transports en Ile-de-France.