Sous la pluie, l’enterrement symbolique de la ferme des Mille Vaches

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à Drucat (Somme), le 29 juin 2014 (Photo : Philippe Huguen)

[29/06/2014 15:33:56] Drucat (France) (AFP) “Ecoute l’orage, M. Ramery, il gronde contre ce projet”, menacent les manifestants. Dimanche à Drucat (Somme); les opposants à la ferme dite des Mille Vaches ont procédé à l’enterrement, symbolique mais digne d’une chanson de Brassens, du projet.

Sous les nuages bas et gris, la procession avance dans la campagne samarienne. Rapidement, une pluie continue tombe sur les quelques 200 manifestants, qui refusent de se départir de leur bonne humeur.

“Projet Ramery, un projet qui tombe à l’eau”, lâche au microphone Francis Chastagner, de l’association Novissen en pointe de la lutte contre le projet, en référence au propriétaire de la ferme.

Partis à pied de la salle polyvalente de Drucat, où se tient une journée de festivités et de débats, les manifestants arrivent une heure plus tard devant la ferme, d’où ils sont gardés à distance par les gendarmes.

“On a déjà assez dit pourquoi on est contre, aujourd’hui on vient l’enterrer”, dit simplement Francis Chastagner.

Une gerbe est déposée, ainsi qu’un cercueil en carton –passablement abîmé par la pluie– au couleur d’une célèbre marque de fromage à tartiner et sur lequel est inscrit “la vache qui crie”. Quelqu’un, au mélodica, joue la marche funèbre.

“Le bonheur est dans le pré, pas dans l’usine à vaches”, ont scandé les manifestants le long de leur marche.

“Ce projet est une aberration économique, sociale, écologique, sanitaire. Les vaches sont faites pour brouter dans l’herbe et non pour être enfermées dans du béton”, dénonce Delphine, venue de Canteleu, près de Rouen.

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à Drucat (Somme), le 29 juin 2014 (Photo : Philippe Huguen)

“Le site n’est pas approprié, à l’entrée de la baie de Somme, qui est classée”, explique de son côté Marceau, originaire du département.

“C’est une première en France en terme de concentration animale, il n’y a pas de législation”, regrette-t-il.

Outre le traitement des vaches qu’ils considèrent inhumain, les manifestants s’opposent fermement au projet de méthaniseur.

En bras de chemisette malgré la pluie, le maire de Drucat Laurent Parcis craint “des effets sur la santés liés à la proximité immédiate d’un méthaniseur industriel qui cache son nom”. Il assiste, souriant, à l’enterrement, devant un bâtiment encore en travaux.

– Un tour de France des “projets inutiles” –

La ferme est en cours d?achèvement. En raison des dégradations subies lors de l’intrusion le 28 mai des militants de la Confédération paysanne et des congés d?été des équipes de construction, son ouverture a dû être repoussée de plusieurs semaines, selon le directeur d?exploitation, Michel Welter qui préfère rester évasif.

Plusieurs associations de défense des animaux sont présentes à la manifestation, la Confédération paysanne est plus discrète à deux jours d’un procès contre neuf de ses membres, accusés de dégradations dans la ferme. Il y a aussi des opposants à d’autres projets, qu’ils nomment ici “les grands PINI”, les “projets inutiles, nuisibles et imposés”.

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à Drucat (Somme), le 20 juin 2014 (Photo : François Lo Presti)

Les marcheurs qui ont bravé les éléments sont récompensés d’un apéritif au son de l’accordéon. On attend encore une douzaine de cyclistes, venus de Divion dans le Pas-de-Calais, où ils se sont arrêtés samedi pour dénoncer un projet d’exploitation du gaz de couche. Après Drucat, leur prochaine étape sera l’agglomération rouennaise, à la Ferme des Bouillons, occupée par quelques résistants qui s’opposent à sa destruction au profit d’une zone commerciale.

Cette “caravane du Nord” fait partie du projet de plusieurs groupes, partis de différentes villes en France, qui convergent vers Notre-Dame-des-Landes, pour s’y opposer au projet d’aéroport.

“Quand on fait le tour de France, on s’aperçoit qu’il y a beaucoup de projets inutiles”, souligne Jean Ouisse, du collectif Acipa de défense du site de Notre-Dame-des-Landes, heureux de cette mobilisation nationale.

A Drucat, en attendant la caravane, les participants pourront assister à un débat sur l’agriculture intensive, avec la présence de la députée européenne Karima Delli et de la députée Barbara Pompili, toutes deux issues d’EELV.