Suite à l’annonce de l’augmentation du SMIG et des salaires dans le secteur privé de 6 à 11%, les structures professionnelles de la CONECT, réunies en session extraordinaire, expriment leur refus total de la démarche adoptée et des décisions dictées, et considèrent que ces décisions ne peuvent concerner ni obliger les adhérents de l’Organisation.
La CONECT rappelle qu’au niveau du principe, elle ne rejette nullement l’augmentation des salaires, surtout que, en sa qualité d’organisation d’entreprises citoyennes, elle en a même fait de l’amélioration du niveau de vie et des conditions de travail des salariés des entreprises l’un de ses objectifs fondamentaux et de ses valeurs de base.
Elle considère, par contre, que l’approche retenue et l’association de deux organisations uniquement aux négociations constituent un choix totalement inadapté au nouveau contexte de pluralisme qui caractérise désormais la Tunisie et que les résultats de ce dialogue ne peuvent, de ce fait engager l’ensemble des entreprises du pays.
La CONECT relève particulièrement ce qui suit:
1- La limitation du dialogue aux seuls volets relatifs aux salaires et aux prix à l’exclusion de tout autre aspect, et la tentative d’établir une corrélation directe ou indirecte entre ces deux éléments constitue une approche ancienne totalement dépassée.
En l’absence d’une vraie maîtrise des facteurs de compétitivité et d’efficience, toute tentative d’amélioration du niveau de vie réel des citoyens par le recours aux augmentations des salaires ne serait qu’illusoire.
Dans de telles conditions, toute augmentation des salaires se répercuterait systématiquement sur les prix et ne pourrait aboutir aux effets attendus en l’absence d’une contrepartie et d’une production supplémentaire que toutes les parties auraient intérêt à convenir préalablement.
2- L’économie tunisienne qui connaît, de l’avis de tous, une situation très délicate qui n’a fait que s’aggraver au cours des trois dernières années ne peut supporter de nouvelles charges aussi lourdes.
La priorité absolue pour toutes les parties (salariés, organisations professionnelles syndicales et patronales et le gouvernement) doit être aujourd’hui l’engagement d’actions urgentes et adaptées pour sauver nos entreprises sérieusement menacées, assurer la reconquête des positions perdues sur les marchés internationaux, restaurer la confiance des investisseurs tout en œuvrant pour valoriser le travail, et ce en déployant plus d’efforts, en améliorant la productivité, en maîtrisant les coûts liés à la logistique et en augmentant le rendement des services administratifs et techniques.
3- Face à cette situation fort difficile et aux grands risques de dérapage qui menacent notre économie, nos entreprises, les investissements et, partant, l’emploi, la CONECT lance de nouveau un appel urgent pour procéder à une refonte totale des approches classiques et dépassées qui continuent à être adoptées ainsi que la révision du cadre du dialogue économique et social afin de renoncer à la monopolisation des choix d’ordre économique et social et au recours à des procédés qui ont montré leurs dangers et leurs limites face aux nouvelles exigences de la situation et la nécessité d’associer toutes les parties concernées sans exclusion ni marginalisation surtout que leur participation constitue une nécessité et un droit garanti par la Constitution du pays.
La Tunisie a besoin aujourd’hui de l’implication de toutes ses compétences, d’un dialogue responsable, ouvert et global se rapportant à tous les volets garantissant la pérennité de l’entreprise et sa compétitivité, et ce dans l’intérêt général de toutes les parties: les investisseurs, les salariés et la société entière..