Vingt jours seulement après son ouverture, la liaison aérienne Tunis-Erbil (Kurdistan irakien) a été tout simplement suspendue en raison de la détérioration de la situation sécuritaire dans cette région. Pour certains observateurs, cette suspension n’est pas à regretter. Ils estiment même qu’elle vient d’épargner au transporteur public des pertes beaucoup plus importantes, comme quoi «à quelque chose malheur est bon».
Décryptage: pour l’équipe de Salwa Seghaier, nouveau PDG de Tunisair, c’est la délivrance.
Il faut dire que la décision d’ouvrir cette ligne a été fortement critiquée sur les plateaux de télévision. Certains sont allés jusqu’à la qualifier de «la ligne des terroristes». Même les politiques, dont Kamel Morjane, président du parti El Moubadara et ancien ministre des affaires étrangères de Ben Ali, a émis publiquement des réserves quant à l’ouverture de cette ligne.
Seuls certains hommes d’affaires étaient les plus excités et les plus heureux quant à l’ouverture de cette ligne. Des médias non avertis ont joué le jeu et ont versé la soupe aux cadres nahdhaouis de Tunisair à l’époque.
Il semble que le ministère du Transport soit, lui aussi, satisfait de cette suspension. En donnant, ces jours-ci, le coup d’envoi à l’exécution du Programme de restructuration de Tunisair, le ministre du Transport, Chiheb Ben Ahmed, n’a pas voulu évoquer, dans le communiqué qui a sanctionné la réunion, la suspension de cette ligne qui est loin d’être une simple affaire. Et ce pour une simple raison: l’Etat, qui vient de subventionner le déficit de cette compagnie mal gérée, serait sur le point d’ouvrir une enquête sur les circonstances de l’ouverture de cette ligne et délimiter les responsabilités. Il y va de la crédibilité de ce gouvernement.