ésident de la BCE, Mario Draghi, à Francfort en Allemagne, le 5 septembre 2013 (Photo : Daniel Roland) |
[03/07/2014 05:07:59] Francfort (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) devrait observer une pause jeudi, après le gros paquet de mesures annoncées le mois dernier pour tenter de faire décoller la croissance et l’inflation qui flirte avec des niveaux dangereusement faibles.
“Après le feu d’artifice de juin, la BCE devrait réfréner ses ardeurs” lors de sa nouvelle réunion de politique monétaire à Francfort, son siège, estime ainsi Carsten Brzeski, économiste de la banque ING.
Pour son confrère de la banque Berenberg Christian Schulz, “tout assouplissement supplémentaire (..) constituerait une grosse surprise”.
Parmi les annonces du mois dernier, la BCE a abaissé son principal taux directeur, celui auquel se refinancent les banques à ses guichets, à 0,15% (contre 0,25% auparavant), un nouveau plus bas historique. Elle a également porté en territoire négatif son taux de dépôt, celui auquel les banques stockent des liquidités auprès d’elle pour 24 heures, à -0,10% , une première pour une grande banque centrale.
S’y ajoutent différentes incitations pour encourager les banques à prêter davantage aux entreprises et aux ménages, comme la prolongation de l’octroi illimité de liquidités à court terme et le prêt à long terme et conditions très avantageuses de quelque 400 milliards d’euros à très long terme (TLTRO), programme qui ne démarrera qu’en septembre. Par ailleurs, la BCE a annoncé continuer à travailler activement à la préparation d’un programme de rachat d’actifs adossés à des prêts (ou ABS).
Autant d’annonces qui nécessitent encore des éclaircissements, estime Marco Valli, chef économiste pour la zone euro chez UniCredit, qui juge en particulier que la physionomie des futurs TLTRO “reste incomplète”.
Ces prêts seront soumis à condition mais “tout ce que nous savons pour le moment sur cette conditionnalité c’est que +les fonds doivent soutenir l’économie réelle+” et que la BCE se montrera “+déterminée à ce que cet argent ne soit pas dépensé (à l’achat) de dette publique ou dans des secteurs qui connaissent ou sortent d’une bulle+”, ajoute l’économiste citant le patron de la BCE, Mario Draghi.
L’inflation ne décolle pas
Pour Sylvain Broyer, adjoint au chef économiste de Natixis, l’institution monétaire “aura peut-être la volonté (…) de repréciser la nature et l’utilité des décisions qui ont été prises. Il y a beaucoup de pédagogie à faire”, sur les prêts aux banques (TLTRO) ou les taux négatifs.
Depuis ce train de mesures, les nouvelles économiques en provenance de la zone euro ne sont guère montrées plus florissantes. La croissance du secteur manufacturier a ralenti en juin, selon l’indice PMI publié par le cabinet privé Markit, tandis que la confiance dans l’économie s?est légèrement dégradée.
L’inflation affiche elle à nouveau 0,5% en juin, comme en mai, soit loin de l’objectif de la BCE de maintenir la hausse des prix proche de 2%. Un niveau qui “maintient la pression sur la BCE pour qu’elle envisage des mesures de politique monétaire non conventionnelles” à l’avenir, estime Martin Van Vliet, de la banque ING.
“Même s’il est improbable qu’elle agisse à nouveau cette semaine, nous pensons qu’elle finira par mettre en place un programme d’assouplissement quantitatif (rachat massif d’actifs, ndlr) à grande échelle pour s’attaquer au risque de déflation”, anticipe de son côté Jennifer McKeown, de Capital Economics.
Un tel programme n’est “pas requis pour le moment”, a récemment signifié Benoît Coeuré, membre du directoire de la banque centrale.
“Nous ne voyons pas de déflation dans la zone euro et nous avons la conviction que les mesures que nous avons décidées sont appropriées pour faire face aux perspectives actuelles de faible inflation”, a-t-il déclaré, confirmant l’analyse développée à maintes reprises par la BCE.