ésident de la BCE, Mario Draghi, à Francfort en Allemagne, le 5 septembre 2013 (Photo : Daniel Roland) |
[03/07/2014 16:04:53] Francfort (AFP) La Banque centrale européenne (BCE), qui a laissé ses taux inchangés jeudi, a décidé d’espacer ses réunions afin de moins prêter le flanc aux spéculations et à la volatilité qui en découle.
Sans surprise après la salve de mesures annoncées le mois dernier, dont un taux directeur porté à 0,15%, son plus bas niveau historique, la BCE n’a pas annoncé de nouvelles actions pour soutenir l’économie de la zone euro qui peine à décoller ou tenter de faire grimper l’inflation trop basse par rapport à son objectif.
Cette dernière a encore affiché 0,5% en juin quand la BCE vise un chiffre proche de 2% à moyen terme.
Mais le président de l’institution monétaire de Francfort, l’Italien Mario Draghi, a tout de même fait une annonce importante: ses réunions de politique monétaire ne se dérouleront plus tous les mois mais toutes les six semaines à compter de janvier 2015, soit la même fréquence que la Réserve fédérale américaine. En outre, la publication annoncée depuis un an des comptes rendus de ces réunions démarrera aussi en janvier 2015.
Cette décision a été justifiée par la situation “bien plus complexe” qu’il y a quelques années, qui “entraîne des attentes des marchés, des pays et de l’opinion publique” se traduisant par une demande d’intervention de la BCE.
Or “la BCE ne peut pas et ne devrait pas agir tous les mois”, a expliqué M. Draghi.
Depuis sa création, le conseil des gouverneurs de la BCE, composé des six membres du directoire et des 18 gouverneurs des banques centrales nationales de la zone euro, se réunissait chaque premier jeudi du mois pour réévaluer l’orientation de sa politique monétaire et le niveau de ses taux d’intérêt.
Jugeant que cette fréquence rapprochée provoque “un certain comportement des marchés, pouvant n’avoir rien ou peu à voir avec les fondamentaux” économiques, Mario Draghi a dit vouloir éviter “des attentes s’auto-alimentant, ayant des conséquences sur les marchés”.
Le nouveau calendrier des réunions sera fixé le 16 juillet par le conseil des gouverneurs et publié dans la foulée. Les réunions ne portant pas sur la politique monétaire continueront en revanche d’avoir lieu au moins une fois par mois.
1.000 milliards de prêts
M. Draghi a également justifié cette nouvelle fréquence par la nécessité d’avoir du temps pour préparer et publier les comptes rendus. Il n’a pas précisé quel serait exactement leur contenu, soulignant qu’était notamment toujours en discussion la question de savoir si les votes devaient être publiés.
Ce changement de calendrier ne signifie toutefois pas que la BCE sera moins active, a assuré M. Draghi, qui a répété que le conseil des gouverneurs de la BCE se tenait prêt à prendre toute nouvelle mesure nécessaire.
Pour ce qui est des taux, ils ne devraient pas bouger au cours des prochains mois et “rester à leur niveau actuel”, particulièrement bas, a-t-il répété, n’excluant toutefois pas quelques ajustements techniques.
Début juin, la BCE avait également réduit son taux de dépôt, celui auquel les banques stockent des liquidités auprès d’elle pour 24 heures, le portant en territoire négatif avec -0,10%, une première pour une grande banque centrale.
Elle avait aussi prolongé l’octroi illimité et bon marché de liquidités à court terme aux banques jusqu’à mi-2016 et annoncé de nouveaux prêts à long terme (TLTRO), sur lesquels elle a donné des détails jeudi.
Les banques auront ainsi la possibilité d’emprunter 400 milliards d’euros dès cette année, lors des deux premiers TLTRO qui seront lancés les 18 septembre et 11 décembre.
Ensuite, six autres TLTRO seront proposés entre mars 2015 et juin 2016, au cours desquels les banques pourront donc obtenir quelque 600 milliards d’euros supplémentaires. Ces prêts, très bons marchés puisque leur coût sera calculé en fonction du principal taux directeur de la BCE, et d’une durée de quatre ans pour les deux premiers, seront liés à la condition expresse que les banques prêtent aux entreprises et ménages pour soutenir l’activité économique.