France : le FMI encourage l’exécutif à tenir le cap des réformes

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énérale du Fonds monétaire international, et le président français François Hollande le 10 février 2014 à Washington (Photo : Nicholas Kamm)

[03/07/2014 16:49:06] Paris (AFP) Le Fonds monétaire international (FMI) a abaissé jeudi ses prévisions économiques pour la France et encouragé le gouvernement à tenir le cap des réformes.

Le FMI estime la croissance française cette année à 0,7% contre 1% lors de sa précédente prévision en avril. Il attend 1,4% en 2015, 1,7% en 2016, 1,8% en 2017 puis 1,9% en 2018 et 2019.

Le gouvernement français espère, lui, 1% cette année, une prévision à laquelle peu d’économistes et organisations internationales croient encore.

L’institut national des statistiques et des études économiques (Insee) français fait par exemple exactement la même prévision que le FMI pour 2014.

Le FMI, dans un rapport consacré à la France, a aussi prévenu qu’il n’attendait pas de décrue “notable” du chômage avant 2016. Le taux devrait selon lui être stable à 10,3% cette année, puis 10,2% en 2015, 10% en 2016, 9,7% en 2017, 9,4% e, 2018 et 9,3% en 2019.

L’institution basée à Washington diverge aussi du gouvernement pour ses prévisions de déficit public: elle l’estime à 4% du produit intérieur brut cette année, là où Paris attend 3,8%. Le FMI prévoit un déficit à 3,4% l’an prochain, 2,7% en 2016, 2,1% en 2017, 1,2% en 2018 et 0,3%, quasiment l’équilibre, en 2019.

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énérale du FMI, prononce un discours à Washington, le 2 juillet 2014 (Photo : Jim Watson )

En avril, le FMI estimait que le déficit public français pourrait être contenu à 3% dès l’an prochain.

Tout en se gardant d’accabler l’exécutif, le FMI signale dans son rapport qu’il surveillera de près la mise en oeuvre des réformes annoncées.

Le Fonds salue “un ensemble cohérent de réformes basé sur une compréhension correcte des problèmes”, une stratégie “ambitieuse” et juge que “le rythme et les moyens de consolidation budgétaire choisis sont les bons”.

– Un surcroît d’austérité déconseillé –

Le FMI déconseille donc à la France de pratiquer encore plus d’austérité, quitte à ce que son déficit dépasse l’an prochain le seuil de 3% du PIB fixé par les règles européennes.

Mais il s’inquiète des “pressions (politiques et sociales) qui pourraient s’accroître alors que des réformes difficiles sont lancées” et juge qu’il “faudrait y résister car il y a peu de marge de manoeuvre”.

“Les mesures d’offre sont bienvenues”, mais doivent, selon le FMI, “être dopées par des réformes du marché du travail” et une plus grande ouverture à la concurrence de certains marchés. Le FMI plaide depuis un moment pour un mode de calcul plus souple du Smic.

Il souligne que le salaire minimum est un instrument “légitime” pour assurer un revenu du travail suffisant pour vivre, mais estime que “son niveau devrait aussi tenir compte de l’effet d’exclusion (du marché du travail) qu’il exerce pour les moins qualifiés”.

Le Fonds souhaite également un “dialogue social plus coopératif” en France.

Cette publication intervient dans un climat tendu à ce niveau, après que le gouvernement a décidé de revenir en partie sur des réformes critiquées par le patronat français, au grand dam des syndicats.

L’exécutif doit aussi composer avec les inquiétudes d’une partie des élus de la majorité parlementaire socialiste à propos du Pacte de responsabilité, qui prévoit des aides massives aux entreprises et un peu de soutien au pouvoir d’achat, le tout financé par des économies de 50 milliards d’euros.

Le FMI rappelle toutefois que la France n’est pas seulement confrontée à des risques politiques ou sociaux, mais aussi économiques, à savoir un possible “ralentissement de la croissance mondiale”, et la “volatilité des marchés financiers.”

Au niveau domestique, le grand danger serait selon le Fonds que l’atonie des investissements des entreprises persiste, déclenchant “une spirale de faible croissance et de ralentissement de l’inflation”.

Le FMI met régulièrement en garde contre le danger d’une déflation en zone euro, une baisse durable des prix qui paralyserait l’activité.