ésentation du nouveau modèle de liseuse Kindle à Santa Monica, en Californie
(Photo : Joe Klamar) |
[04/07/2014 06:54:06] New York (AFP) Plusieurs grandes plumes américaines et britanniques ont sommé Amazon de cesser de prendre les livres, les auteurs et les lecteurs “en otages” dans la guerre commerciale qu’il est accusé de mener depuis près de trois mois contre le géant de l’édition Hachette.
Douglas Preston, un auteur américain de romans d’horreur, a rallié à sa cause une soixantaine d’écrivains à succès dont James Patterson et David Morrell, comme lui édités chez Hachette. Scott Turow, président de la “Authors Guild” – l’association américaine de défense des intérêts des écrivains – co-signe cette lettre dont des extraits sont publiés par le Wall Street Journal.
“Nous sommes fermement convaincus qu’aucun libraire ne devrait ni empêcher, ni gêner la vente de livres, ni même décourager les clients de commander ou de vouloir recevoir les livres qu’ils désirent”, explique les écrivains qui se défendent de prendre un quelconque parti dans ce conflit.
éricain James Patterson, qui a pris fait et cause pour Hachette contre Amazon, photographié le 7 juin 2013 à New York (Photo : Robin Marchant) |
“Amazon n’a pas le droit d’utiliser un groupe d’auteurs, extérieurs à ce conflit, pour mener des représailles ciblées”.
Depuis plusieurs semaines, le géant américain de la vente en ligne est accusé de faire pression sur Hachette Book Group (du groupe Lagardère) en pleine négociation d’accords commerciaux en allongeant les délais de livraison de leurs livres ou en empêchant les commandes.
– Les livres pris en otage –
Selon la presse américaine, Amazon souhaite faire davantage de marge notamment sur le livre électronique où il est un des principaux acteurs grâce à sa liseuse Kindle.
Hachette a fait savoir par communiqués interposés qu’il souhaitait “des relations d’affaires normales avec le distributeur américain”, qu’il accuse de traiter les livres comme de la “vulgaire marchandise”, mais pas à n’importe quel prix.
Amazon (Photo : Yasuyoshi Chiba) |
Dans cette lettre, les signataires reprennent à leur compte les accusations de “boycottage” qu’Amazon mènerait des auteurs publiés chez Hachette. Selon eux, le distributeur refuse les pré-commandes ou les rabais sur certains livres et en retarde délibérément les livraisons d’ouvrages.
“Nous nous gardons de prendre partie dans le conflit commercial que se livrent Hachette et Amazon mais nous demandons à ce dernier, et dans les termes les plus forts, de cesser de porter atteinte au gagne-pain des auteurs sur lesquels il a bâti son commerce”.
– Ecrire à Jeff Bezos –
“Personne parmi nous, ni les lecteurs ni les auteurs, ne ressort gagnant lorsque les livres sont pris en otages”, ajoutent-ils, appelant les lecteurs à écrire au fondateur d’Amazon, Jeff Bezos à l’adresse jeff@amazon.com.
éricaine de défense des intérêts des écrivains, photographié ici le 17 octobre 2012 à Chicago, co-signe une lettre pour sommer Amazon de cesser sa guerre commerciale contre Hachette (Photo : Timothy Hiatt) |
Fin mai, Amazon s’était dit peu optimiste sur la signature d’un accord commercial à court terme avec Hachette Book Group. Il avait néanmoins proposé à Hachette de créer un fonds d’indemnisation pour les auteurs victimes de ce conflit, offrant d’y participer pour moitié.
Dans l’édition de mercredi du Wall Street Journal, un responsable d’Amazon assurait que le conflit était mené dans l’intérêt des lecteurs car il avait en ligne de mire une baisse du prix des livres électroniques.
Fin mai, le géant de la distribution avait reconnu ne pas avoir renouvelé ses stocks de livres-papiers édités par Hachette et qu’il ne prenait plus de pré-commandes.
Selon lui, seul un petit pourcentage d’auteurs sont affectés par ce conflit, évoquant une douzaine d’écrivains parmi les milliers d’auteurs publiés sur Kindle.
Il avait rappelé alors les règles élémentaires de commerce: “Les fournisseurs décident des termes selon lesquels ils veulent vendre à un distributeur. Par réciprocité, un distributeur a le droit de déterminer si les conditions de l’offre sont acceptables et de stocker les produits conformément à cet accord”.
“Lorsque nous négocions avec les fournisseurs, nous le faisons au nom des clients. Négocier un accord acceptable est une pratique économique qui est importante pour maintenir un service de qualité élevé pour les clients à moyen et long termes”, avait alors argué Amazon.