L’apprentissage, dernière cartouche anti-chômage “au coeur” de la conférence sociale

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âtisserie (Photo : Philippe Desmazes)

[06/07/2014 07:56:03] Paris (AFP) 500.000 apprentis: les gouvernements passent, l’objectif reste. L’alternance sera “au c?ur” de la conférence sociale, dernière cartouche pour un gouvernement qui a jusqu’ici échoué à endiguer l’explosion du chômage et pourrait faire un nouveau geste en faveur du patronat.

Après Gérard Larcher et Jean-Louis Borloo, ministres chargés du Travail il y a une dizaine d’années, c’est au tour de François Rebsamen de se frotter à cet objectif de 500.000 apprentis, fixé à l’horizon 2017 et pour lequel Manuel Valls a sonné fin juin la “mobilisation générale”.

“Nous en sommes très loin”, a admis le Premier ministre, alors que le nombre de contrats est en chute libre.

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à des personnes en alternance (Photo : Mehdi Fedouach)

Selon un sondage publié vendredi, l’emploi des jeunes fait figure de première attente des Français pour le sommet social des 7 et 8 juillet, alors que 22,9% des jeunes actifs sont au chômage, un des plus hauts taux d’Europe.

“Toutes les contraintes (…) vont être étudiées lors de la conférence sociale, s’il faut réexaminer les dispositifs d’aides (…), nous le ferons”, “à condition que les entreprises s’engagent sur des objectifs chiffrés”, a-t-il dit mercredi.

– L’apprentissage en chute libre –

François Rebsamen s’est ainsi montré vendredi prêt à discuter de la demande du Medef d’instaurer un dispositif “zéro charge”: “s?il faut que l’Etat fasse un effort financier pour envoyer un signal et décoincer la situation, je suis prêt à défendre un tel geste”, affirme-t-il.

L’organisation patronale avait réclamé jeudi l’instauration d’un tel dispositif pour “stopper l’hémorragie d’apprentis” due, selon elle, à des “erreurs” du gouvernement.

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à Leipzig (Photo : Sebastian Willnow)

Sur l’année 2013, le ministère du Travail a recensé en moyenne 415.000 apprentis en métropole, 3% de moins qu’en 2012. Les entrées dans le dispositif, réputé offrir une meilleure insertion aux jeunes, ont elles marqué une baisse de 8% l’année dernière.

Et les sondages n’incitent pas à l’optimisme: à la mi-juin, seuls 12% des chefs d’entreprise envisageaient d’avoir davantage recours à des personnes en alternance. 31% pensaient moins y recourir.

– Déficit d’image –

“Il y a un effet conjoncturel assez net”, “les secteurs les plus touchés par la crise, comme le BTP, sont ceux qui ont beaucoup recours à l’apprentissage”, justifie-t-on au ministère du Travail, où on insiste sur la batterie d’aides disponibles (exonération de cotisations sociales, crédit d’impôt…).

François Rebsamen vient d’ailleurs d’écrire à près de 750.000 chefs d’entreprise de moins de 50 salariés pour vanter les “avantages” financiers et les “facilités” offertes par cette voie.

Au-delà, l’apprentissage fait également face à un “déficit d’image”, “du point de vue des parents comme de celui de l’éducation nationale”, estime Stéphane Carcillo, économiste à l’OCDE.

Autre problème, selon lui, “depuis les années 2000, l’apprentissage se développe surtout chez les jeunes ayant déjà une formation initiale, baccalauréat ou études supérieures, et pas chez les plus défavorisés qui en ont pourtant plus besoin pour s’insérer”.

Pour y remédier, l’économiste préconise de développer des “classes de pré-apprentissage”, sorte de sas de remise à niveau comme il en existe en Autriche, en Allemagne et en Suisse, trois champions de l’apprentissage.

Pour lever les “freins non financiers”, le ministère du Travail a d’ores et déjà dit qu’il s’inspirerait des préconisations sorties d’un récent rapport des inspections générales: rendre obligatoire la “découverte de l’apprentissage” au collège, développer l’apprentissage dans la fonction publique (qui ne recense que 2,5% de l’ensemble des apprentis) ou encore simplifier les contrats de travail.

Pour le ministre du Travail, confronté à un chômage record (3,38 millions de demandeurs d’emploi sans activité fin mai), les freins “sont aussi psychologiques” et “réglementaires”. François Rebsamen relève que “des pans entiers de l’économie n’y recourent quasiment pas, comme les services à la personne ou la sécurité et la surveillance”. “Ne nous leurrons pas: si tous les métiers ne s’ouvrent pas à l’apprentissage, nous n’atteindrons pas l’objectif de 500.000 alternants en 2017”, dit-il.

Autre défi: lutter contre le ruptures de parcours. 20 à 25% des contrats d’apprentissage n’iraient pas à leur terme.