émocratie dans le centre de Hong Kong, le 1er juillet 2014 (Photo : Philippe Lopez) |
[06/07/2014 10:04:06] Hong Kong (AFP) Parmi les centaines de milliers de Hongkongais qui ont défilé cette semaine pour protester contre l’influence grandissante de Pékin sur le territoire, figuraient des banquiers. Corruption et népostime risquent de ternir la réputation de Hong Kong comme centre financier de l’Asie, estiment-ils.
Jusqu’à cette année, Edward Chin, gestionnaire d’un fonds spéculatif, n’avait jamais rejoint une organisation politique. Mais comme beaucoup d’autres à Hong Kong, il s’inquiète de l’influence des dirigeants communistes chinois sur le territoire, ancienne colonie britannique rendue à Pékin en 1997.
Chin, 46 ans, a rejoint le mouvement pro-démocratie Occupy Central après avoir rencontré un de ses dirigeants, le professeur de droit Benny Tai. “J’ai mené un audit sur Benny Tai”, déclare-t-il en souriant.
Occupy Central, devenu en quelques mois une épine dans le pied du gouvernement de Hong Kong, réclame notamment que les habitants puissent choisir leur dirigeant à partir de 2017, comme prévu à l’origine. Pékin est d’accord pour le suffrage universel, mais avec des candidats adoublés par ses soins.
Le mouvement menace de bloquer le quartier des affaires d’ici la fin de l’année si ses appels ne sont pas entendus. Avec d’autres organisations, il a fait descendre dans la rue un demi-million de personnes mercredi –selon son estimation–, un record pour le traditionnel défilé pro-démocratie du 1er juillet.
Le district financier de Hong Kong (Photo : Philippe Lopez) |
Chin et d’autres banquiers ont formé une équipe au sein d’Occupy Central, pour lutter contre des coutumes de Chine continentale qu’ils estiment nocives pour la réputation du secteur financier, pilier de l’économie de ce petit territoire du sud de la Chine.
Il souligne notamment la prédilection des Chinois du continent de nommer à des postes de haute responsabilité des membres de leurs familles, ou des gens bien introduits au sein du parti communiste chinois et des entreprises étatiques, un système baptisé “guanxi” (relations).
Les quelque 70 banquiers et financiers qui militent au sein du mouvement se concentrent sur la lutte contre la corruption dans les affaires et la politique d’immigration.
– Fils ou filles de –
Mais pour Lai Chong Au, qui travaille chez un gros gestionnaire de fonds, les choses sont en train de changer. Les financiers de Chine continentale, les poches pleines grâce au boum de l’économie chinoise, veulent conduire leurs affaires à Hong Kong comme ils le font chez eux: “par le biais du +guanxi+”, déclare-t-elle.
“Ils peuvent lever un ou deux milliards de dollars US très facilement: via leur père ou des amis proches de responsables politiques ou du gouvernement”, ajoute-t-elle auprès de l’AFP.
La firme de Lai Chong Au est consciente des opportunités apportées par la croissance de Chine continentale mais la gestionnaire met en garde contre une distension des liens avec les entreprises internationales. “Nous devons veiller à ce qu'(elles) veuillent rester à Hong Kong. Si nous les perdons, nous perdons notre avantage”.
Les banques d’investissements américaines sont déjà accusées d’embaucher dans leurs bureaux de Hong Kong les enfants des élites chinoises, les “petits princes”, pour doper leurs chance de nouer des contrats en Chine.
La presse avait ainsi révélé il y a un an que JP Morgan était soupçonnée d’avoir recruté les enfants d’influents responsables chinois, dont la fille d’un responsable des chemins de fer chinois, notamment au sein de sa branche hongkongaise.
Un népotisme qui irrite Edward Chin. “On ne devrait pas avoir +un programme fils ou fille de+, et préférer ces derniers à un titulaire d’un MBA de Harvard”.
Parfois apparaissent au grand jour les tensions entre la direction et leurs employés. Récemment, les quatre grandes firmes d’audit comptable ont publié un communiqué commun accusant Occupy Central de susciter l’instabilité. Quelques jours plus tard, des employés ont acheté en commun des emplacements dans les journaux locaux pour condamner le geste de leurs employeurs.