A force d’en parler et de –presque- ne rien faire, la réforme du secteur bancaire a fini par ressembler à un serpent de mer. Mais après de longues années de palabres et d’hésitation, voici le chantier tant attendu enfin lancé.
Le coup d’envoi en a été donné mardi 18 juin 2014 par Chedly Ayari, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), et Hakim Ben Hammouda, ministre de l’Economie et des Finances, lors d’une rencontre –présentée comme «la conférence des partenaires»- avec les représentants des bailleurs de fonds régionaux et multilatéraux, au cours de laquelle les grandes lignes du projet de réforme du secteur financier en général et bancaire en particulier ont été révélées.
Baptisée «nouvelles orientations stratégiques de l’intervention publique dans le financement de l’économie» -et consignée dans un document de 29 pages-, la réforme a pour finalité de faire d’un «Etat acteur» un simple «facilitateur». Pour ce faire, les pouvoirs publics veulent «rationaliser le nombre et le poids des banques à participation publique dans le secteur bancaire afin de stabiliser et dynamiser le marché», «recentrer la présence de l’Etat sur la réalisation de sa mission de soutien aux secteurs stratégiques et prioritaires», «développer les fondamentaux d’un partenariat public privé renforcé» et envoyer «des signaux forts à tous les acteurs concernés afin de renforcer le capital de confiance dont jouit la place de Tunis».
Le nouveau dispositif que l’Etat voudrait mettre en place vise à pallier les nombreuses faiblesses et limites de l’ancien: taille faible et sous-performance pour les banques mixtes, faiblesses sociales, institutionnelles et commerciales, important portefeuille de créances non-performantes et, partant, besoins importants de refinancement/recapitalisation pour les banques publiques universelles, ressources insuffisantes et redondance des banques et fonds dédiés (BTS, BFPME, SICAR régionales, Foprolos, Foprodi, FOSDA et FONAPRAM), ressources insuffisantes et champ d’intervention limité pour la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC) et, en bout de course, une explosion des dépenses de gestion dans le budget d’Etat, au détriment de l’investissement, et recours croissant de ce fait à l’endettement extérieur.
Fort logiquement, c’est donc la transformation/redressement des trois banques publiques –Société Tunisienne de Banque (STB), Banque Nationale Agricole (BNA) et Banque de l’Habitat (BH)- qui constitue le cœur du chantier de la restructuration du champ financier.
Prévu pour s’étendre sur quatre ans -2015-2017-, le redressement de ces trois mastodontes se déroulera en trois phases qui, en fait, sont concomitantes. La première, celle de l’assainissement financier de la recapitalisation, devrait débuter durant le troisième trimestre de 2014 et s’achever en juillet 2017.
La seconde, et probablement la plus délicate, est celle de l’assainissement social, se fera via deux plans de départs volontaires –et non par des licenciements- devrait s’étendre sur quatre ans, de juillet 2014 à juillet 2017.
La dernière concerne la relance des trois établissements grâce à une révision de leur positionnement stratégique, à l’amélioration de leur organisation, à l’optimisation des processus, à la refonte des systèmes d’information et au renforcement des réseaux d’agences.