Dette : l’Argentine demande la suspension du jugement

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le 18 juin 2014 (Photo : Alejandro Pagni)

[08/07/2014 06:01:41] Buenos Aires (AFP) L’Argentine a réclamé lundi une levée temporaire de la condamnation de la justice américaine à rembourser une poignée de fonds “vautours” qui l’empêche d?honorer les échéances de sa dette avec l’essentiel de ses créanciers.

Le ministre argentin de l?Économie Axel Kicillof a défendu cette position à New York durant une réunion de près de quatre heures avec l’avocat américain Daniel Pollack, médiateur nommé pour faciliter les négociations entre Buenos Aires et ces fonds “vautours” sur des impayés de dette.

Il n’y a toutefois eu aucun signe d’avancée à l’issue de la réunion et le ministre, flanqué de gardes du corps, a refusé de dire le moindre mot à la foule de journalistes massés à la sortie.

Dans un communiqué publié depuis Buenos Aires, le ministère de l?Économie indique que M. Kicillof a réitéré la volonté de dialogue de son pays pour parvenir à un accord “juste, équitable et légal”, le leitmotiv des dirigeants argentins.

“(Axel) Kicillof a dit clairement que la décision du juge (Thomas) Griesa, telle qu’interprétée, serait impossible à respecter et qu’une nouvelle suspension serait nécessaire dans la mesure où l’affaire ne concerne pas seulement” les fonds vautours, est-il écrit.

L’Argentine a été condamnée aux États-Unis à verser 1,3 milliard de dollars aux fonds ayant refusé en 2005 et 2010 tout allègement de sa dette, contrairement à ce qu’ont fait 93% des créanciers. Le pays a jusqu’au 30 juillet pour solder le contentieux avec les fonds NML Capital et Aurelius Management.

Buenos Aires redoute que la victoire judiciaire de NML et Aurelius ne fasse jurisprudence et encourage d’autres fonds spéculatifs à revendiquer des milliards de dollars qui pourraient placer la 3e économie d’Amérique latine en cessation de paiement.

L’argument principal de l’Argentine est de rappeler qu’une clause dans les contrats de dette stipule que tous les créanciers doivent bénéficier des mêmes conditions de remboursement.

Après le naufrage de 2001, Buenos Aires a imposé à ses créanciers un allègement d’environ 70% de sa dette à 93% des détenteurs de dette argentine, mais des fonds “vautours” ont systématiquement refusé toute remise de dette, exigeant 100% de leur dû.

Jay Newman, gérant de portefeuilles chez Elliott Management, maison-mère de NML, a suggéré dans le Financial Times que les fonds spéculatifs pourraient accepter un accord partiel impliquant de nouvelles obligations et d’autres instruments financiers plutôt que de l’argent liquide de la part de Buenos Aires.

Il précise cependant que l’Argentine doit montrer clairement qu’elle se tient prête à négocier : “Notre entreprise peut être prête à donner à l’Argentine plus de temps si son gouvernement prend des mesures concrètes et sérieuses en vue de respecter ses obligations légales.”

Depuis le début, l’Argentine cherche a gagner du temps face à des fonds d’investissement, en position de force après un succès judiciaire aux conséquences imprévisibles.

Le FMI craint que ce cas d’école n’encourage les spéculateurs et ne complique les restructurations de dette de pays en difficulté.