éna, à Paris, le 8 juillet 2014 (Photo : Bertrand Guay) |
[08/07/2014 09:05:37] Paris (AFP) La deuxième journée de la conférence sociale a débuté mardi matin par un coup de théâtre: après la CGT, FO et Solidaires, la FSU a claqué la porte de la rencontre, signant l’échec de cette grand-messe chère à François Hollande
L’ouverture de la troisième conférence du quinquennat Hollande avait déjà été difficile lundi, mais le gouvernement a maintenu la perspective de prochaines négociations contre le chômage, avec la certitude que le dialogue social reprendra à la rentrée avec les contestataires.
Thierry Lepaon (CGT) et Jean-Claude Mailly (FO) ont lancé une charge contre le Premier ministre, Manuel Valls, accusé d’avoir cédé aux demandes du patronat sans consulter les syndicats, notamment sur la pénibilité ou le code du Travail.
Mardi matin c’était au tour de la FSU, premier syndicat de l’Education, de claquer la porte.
“Nous ne restons pas à cette conférence sociale parce qu’elle est trop mal engagée en terme de méthode sur le dialogue social”, a dit la secrétaire générale du syndicat, Bernadette Groison. “Nous attendons que le gouvernement clarifie la manière dont il conçoit le dialogue social. Aujourd’hui nous ne pouvons pas être sur un dialogue social unilatéral.”
Solidaires, autre syndicat dans le camp contestataire, avait déjà séché la rencontre lundi.
éna à Paris (Photo : Bertrand Guay) |
La conférence se poursuivait mardi, avec sept tables rondes axées sur l’emploi, le pouvoir d’achat, l’éducation animées par neuf ministres. Les organisations patronales et les quatre syndicats réformistes (CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa) étaient présents.
En décidant de quitter la conférence, Force ouvrière a voulu “marquer le coup”, et signifier au gouvernement qu’il prenait “un drôle de chemin”, a expliqué mardi M. Mailly pour qui le dialogue social est “interrompu” mais “pas rompu”. “Cette espèce de grand-messe, c’était comme un emblème pour le pouvoir actuel, et bien là, l’emblème en a pris un coup”, a-t-il ironisé.
“Il ne faut pas être dans la menace quand on vient dialoguer”, avait lancé le ministre du Travail, François Rebsamen, à son arrivée au Palais d’Iéna. “Des propositions seront faites dans la journée. J’appelle tout le monde au calme et au travail, c’est mieux pour les Français.”
– Montrer les muscles à la rentrée –
Pour les réformistes, la politique de la chaise vide est “contre-productive”. Selon le président de la CFTC, Philippe Louis, cela peut ressembler à un camouflet pour François Hollande, tandis que son homologue de l’Unsa, Luc Bérille, estime que c’est un “élément de fragilité du dialogue social”.
“Nous ne faisons pas la politique de la chaise vide, mais si nous ne sommes pas entendus, nous musclerons le jeu dès la rentrée de septembre”, a prévenu de son côté Carole Couvert, présidente de la CFE-CGC.
ôtel Matignon, le 17 avril 2014 (Photo : Pierre Andrieu) |
La CFDT, elle, va se concentrer mardi sur “les dossiers de fond”, en particulier l’apprentissage et la santé au travail. “Nous avons des revendications à faire valoir”, affirme auprès de l’AFP Véronique Descacq, numéro deux de la centrale.
A l’issue des tables rondes, Manuel Valls, aux commandes depuis 100 jours, dressera la feuille de route sociale pour l’année à venir. François Hollande a déjà annoncé lundi sa volonté de renforcer la lutte contre le chômage en relançant notamment l’apprentissage avec une réunion Etat-partenaires sociaux en septembre ; il a aussi annoncé de prochaines négociations sur le chômage de longue durée et pour moderniser le dialogue social.
Les syndicats, en premier lieu la CGT et FO, ont déjà fait savoir qu’ils seraient autour de la table pour ces discussions.
Le patron du Medef, Pierre Gattaz, pour lequel le pacte de responsabilité “proposé par le gouvernement va dans le bon sens”, espère que les contestataires “reviendront à la table des discussions”. Après un mouvement de grogne la semaine dernière, les organisations patronales, unies, se sont montrées plutôt satisfaites du premier volet de la conférence.
éna à Paris (Photo : Benoit Tissier) |
Sur le pacte qui cristallise l’hostilité de la CGT et de FO, le président Hollande a annoncé lundi la mise en place d’un comité de suivi pour évaluer les négociations de branche sur les contreparties aux baisses de charge et pour faire le bilan des aides publiques accordées aux entreprises, une vieille demande de la CGT.
Là aussi les syndicats devraient être au rendez-vous.
Après deux éditions plutôt consensuelles, le climat de cette troisième conférence sociale au Palais d’Iéna, pose la question de la pérennité d’une telle grand-messe, mais le président Hollande “revendique” toujours la méthode du dialogue social.