Royaume-Uni : la production industrielle plonge mais l’économie reste solide

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Des livres sterling (Photo : Shaun Curry)

[08/07/2014 10:40:51] Londres (AFP) Le plongeon surprise de la production industrielle en mai au Royaume-Uni constitue une mauvaise nouvelle pour la croissance du deuxième trimestre mais ne signifie pas que la machine économique britannique est grippée, assurent les économistes.

Au lendemain de la chute de 1,8% enregistrée par l’Allemagne, le repli de 0,7% de la production britannique par rapport au mois d’avril annoncé mardi par l’Office national des statistiques (ONS) a confirmé les craintes pesant sur le secteur industriel.

Un gros “plongeon” qui “surprend” selon James Knightley d’ING, alors que les économistes s’attendaient à une progression de 0,3%, similaire à celle enregistrée en avril, selon un consensus établi par Dow Jones Newswires.

“Une sale secousse pour l’économie après une longue série de bonnes nouvelles”, a renchéri Howard Archer d’IHS Global Insight.

Sur un an, la production industrielle a enregistré une progression de 2,3%, un chiffre très largement inférieur aux attentes des économistes, qui misaient sur une hausse de 3,2%.

La mauvaise performance de la production manufacturière, qui exclut notamment la production d’hydrocarbures, explique à elle seule le repli de la production industrielle en mai.

Plombée par la métallurgie, l’industrie pharmaceutique, l’informatique et l’électronique, elle a accusé une chute de 1,3% sur un mois, la pire depuis janvier 2013. Et sur un an, sa croissance s’est inscrite à 3,7% alors que les économistes tablaient sur 5,6%.

“Les chiffres de la production industrielle de mai suggèrent que la force de la livre pourrait bien commencer à ralentir la reprise du secteur manufacturier”, avance Samuel Tombs de Capital Economics.

Soutenue par la vigoureuse reprise de l’économie britannique et la perspective d’une hausse des taux par la Banque d’Angleterre, la livre a en effet atteint lundi 1,2633 euro, son niveau le plus fort depuis début septembre 2012, alors qu’elle évoluait à un peu moins de 1,2 euro en début d’année.

Armés de leurs calculettes, les économistes s’affairaient donc mardi à déterminer l’impact que ce plongeon de la production pourrait avoir sur la croissance du deuxième trimestre, dont la première estimation sera publiée le 25 juillet.

“Même si la production industrielle représente seulement 15,3% du PIB total, cela signifie que la croissance du deuxième trimestre ne devrait pas avoir dépassé celle de 0,8% enregistrée au premier trimestre”, comme la plupart des économistes le pensaient, “et pourrait même avoir ralenti légèrement”, estime Howard Archer.

– Des perspectives qui restent ‘radieuses’ –

Malgré cette mauvaise surprise, la machine économique britannique, qui est repartie sur les chapeaux de roues depuis début 2013, ne semble pas grippée, assurent les économistes.

“Nous ne voyons pas dans ces chiffres un signe indiquant que la rapide expansion de l’économie perd de son élan”, souligne Michael Saunders de Citi.

“Les perspectives semblent toujours radieuses pour le secteur”, affirme pour sa part Howard Archer.

James Knightley d’ING va jusqu’à avoir “des doutes sur les chiffres d’aujourd’hui, étant donné la solidité des embauches dans le secteur, le fait que l’indice de confiance dans le secteur manufacturier soit au plus haut depuis 40 ans et que les carnets de commandes soient très remplis”.

“Nous ne serions donc pas surpris de voir des révisions ou un fort rebond en juin”, ajoute-t-il.

L’enquête trimestrielle publiée mardi par les chambres de commerce britanniques (BCC), et réalisée auprès de 7.000 entreprises du pays, montre d’ailleurs que “l’économie est toujours solide et va dans la bonne direction” même si le secteur manufacturier et les services ont accusé un “léger” repli après le “bond inattendu” du premier trimestre.

Malgré la confiance affichée, ce léger ralentissement amène les entrepreneurs à appeler la Banque d’Angleterre à la retenue, alors que son gouverneur Mark Carney a estimé mi-juin qu’une hausse des taux d’intérêt pourrait intervenir “plus tôt” qu’attendu par les marchés.

La Banque d’Angleterre ne doit pas “prendre de décision à la légère en augmentant les taux à très court terme”, a ainsi déclaré John Longworth, directeur général des BCC, car cela “limiterait les ambitions de croissance” en pesant sur “les entreprises sur lesquelles nous comptons pour tirer la reprise”.