és par des orages de grêle le 29 juin 2014 à Pommard en Bourgogne, en France (Photo : Romain Lafabregue) |
[08/07/2014 15:11:00] Paris (AFP) Serres brisées, vignes déchiquetées et récoltes noyées: la multiplication des orages, qui frappent localement sans pitié, signale l’urgence à trouver un dispositif d’assurance agricole que les producteurs jugent souvent trop cher.
Dernière victime en date, le vignoble du Minervois dans l’Aude, où 15.000 hectares ont été mitraillés dimanche par des grêlons de la taille d’oeufs de pigeon. Le mois dernier, c’était la Bourgogne et son prestigieux Pommard, la Gironde et la Charente. Chaque fois, des vignes sont meurtries, laissant désolés les producteurs.
“Depuis quelques années, on a une recrudescence des phénomènes d’orages, aucune région n’est épargnée”, constate Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, le principal syndicat agricole, lui-même viticulteur dans l’Hérault.
Avec les viticulteurs et les arboriculteurs, les maraîchers sont les plus vulnérables face aux orages d’été. Le dimanche de la Pentecôte à Montesson, dans les Yvelines, Robert Français a vu ses salades déchiquetées en quelques minutes. Ceux qui avaient des serres se débrouillent seuls aujourd’hui entre les récoltes perdues et les débris de verre: plus de 6.000 m2 de serres ont été cassés, selon la FNSEA.
Car la grêle, théoriquement assurable, ne relève pas du régime des calamités agricoles qui ne prend en compte que les risques systémiques, comme la sécheresse. Mais, sauf pour les céréaliers, dont un tiers environ sont couverts, l’assurance reste anecdotique car hors de portée financièrement: moins de 15% des viticulteurs (et 100.000 ha de vignobles sur 800.000) sont assurés et à peine 2% des arboriculteurs, estime l’administration.
Or, s’insurge Robert Français, “après le dernier sinistre, en 2010, les assureurs nous ont tous résiliés, même les mutualistes”.
Dans un communiqué mardi, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll s’est dit “conscient du développement insuffisant de l?assurance récolte dans un contexte marqué par des risques climatiques croissants”.
La réflexion qu’il a lancée à l’automne 2013 avec les professionnels et les assureurs doit aboutir à une série de propositions qui seront présentées jeudi à la réunion du Comité national de gestion des risques en agriculture: “Il s’agit de définir un nouveau produit et de le rendre accessible d’ici la prochaine campagne 2015”, a-t-on indiqué au ministère.
– ‘Un socle pour repartir’ –
Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA chargé du dossier au sein du syndicat agricole, plaide pour “un socle d’assurance qui permette, en cas de sinistre, de repartir l’année suivante”. On indemnise la perte de fonds plutôt que la récolte. Chacun y aurait droit, avec une part assumée par l’Etat. Et pour le reste, libre à l’agriculteur de souscrire une assurance complémentaire à la façon des mutuelles de santé.
“Le dispositif doit rester incitatif, sans chercher à le rendre obligatoire”, souhaite-t-il. “Mais il faut que l’Etat donne des signes de son engagement.”
Simultanément, poursuit-il, “les assureurs doivent présenter une offre acceptable, adaptée à chaque filière: ce ne peut pas être les mêmes montants en arboriculture et dans dans les grandes cultures”.
Au ministère, on souligne aussi que, “pour être viable, le système doit être mutualisé. Qu’il réunisse le plus de monde possible pour garantir un système robuste aux cotisants comme aux assureurs”.
és par des orages de grêle le 29 juin 2014 à Pommard en Bourgogne, en France (Photo : Romain Lafabregue) |
Mais Joël Limouzin va plus loin en défendant une solidarité inter-filières et inter-régions: “Je ne peux considérer qu’une région soit assurée à 5 ou 10% et une autre à 60%.” Surtout que les risques climatiques ne sont pas de même nature entre les vergers ou vignobles du Sud et les céréales de Beauce.
“C’est un sujet sensible, mais un jour, ceux qui n’ont jamais eu de grêle subiront une sécheresse ou des inondations”, prévient-il. Lui-même, associé en Vendée en polyculture et élevage, assure son exploitation depuis près de dix ans. “Et pourtant, pour le moment, je n’en ai jamais eu besoin”, relève-t-il en appelant les filières “à la responsabilité”.