à Moscou (Photo : Alexander Nemenov) |
[08/07/2014 16:49:32] Moscou (AFP) Les ventes automobiles en Russie, deuxième marché en Europe après l’Allemagne, ont sombré en juin et les industriels ont prévenu mardi que le pire restait probablement à venir.
Selon les chiffres publiés par l’Association of European Businesses (AEB), référence du secteur, les ventes de véhicules légers et utilitaires ont chuté de 17,3% le mois dernier par rapport à juin 2013, à 199.398 unités, contre -12% en mai. Sur l’ensemble du premier semestre, elles s’affichent en baisse de 7,6%.
Conséquence de cette dégringolade, la fédération industrielle a revu sa prévision pour 2014 et anticipe désormais une baisse de 12% du marché à 2,45 millions d’unités, contre -1,6% auparavant.
“Le marché reste orienté à la baisse, et à un rythme accéléré”, a constaté le président du comité automobile de l’AEB, Joerg Schreiber, cité dans un communiqué. “De l’avis des entreprises membres du comité automobile, le marché n’a pas encore atteint le fond”, a-t-il averti.
Après plusieurs années de croissance spectaculaire, les ventes automobiles ont connu en Russie une chute quasi ininterrompue depuis plus d’un an. Elles ont subi, selon l’avis des experts, les conséquences du ralentissement économique qui s’est brusquement accentué dans le pays en raison de la crise ukrainienne et de la menace de sanctions occidentales contre l’économie russe.
Le marché a notamment subi de plein fouet la chute du rouble au printemps, qui a renchéri les véhicules importés. Si la monnaie russe a regagné du terrain, l’effet sur les prix du secteur s’est déjà fait sentir et de manière générale l’envolée de l’inflation pousse les consommateurs à la prudence pour les grosses dépenses.
-“aucune amélioration”-
“Je m’attendais à de mauvais chiffres, mais pas à ce point”, a commenté Vladimir Bespalov, analyste de VTB Capital, interrogé par l’AFP. “On ne voit aucune amélioration sur le marché”, a-t-il ajouté.
Selon l’expert, l’ampleur de la chute actuelle s’explique en partie par le fait que de nombreux acheteurs avaient en début d’année anticipé leurs achats pour éviter de subir les effets de la chute du rouble.
Une autre partie des clients a au contraire adopté une attitude attentiste, espérant soit que la remontée de la monnaie permette aux constructeurs de proposer des promotions, soit que le gouvernement ne lance des programmes d’incitation des ventes, comme l’année dernière.
Le coup est particulièrement rude pour nombre de constructeurs occidentaux, qui ont investi massivement pour profiter de la croissance de ces dernières années du marché russe.
L’alliance franco-japonaise Renault-Nissan a bouclé ainsi le 18 juin sa prise de contrôle du premier constructeur russe, Avtovaz, qui produit les populaires Lada, avec l’espoir d’occuper à terme 40% du marché russe avec les trois marques.
En juin, les ventes de Lada, engagé dans une restructuration entraînant des milliers de suppressions d’emplois, ont chuté de 19% sur un an. Celles de Renault, qui avait plutôt bien résisté au repli du marché l’an dernier grâce à son tout terrain Duster et ses véhicules économiques (Logan, Sandero), ont reculé de 13%, mais celles de Nissan ont augmenté de 33%.
Le PDG Carlos Ghosn, qui a lancé en Russie en avril la marque japonaise bon marché Datsun, a affiché sa confiance de croissance à long terme du marché russe malgré les “soubresauts” actuels.
Parmi les principaux constructeurs présents en Russie, les ventes de Kia ont reculé de 3%, celles de Hyundai de 1%, celles de Toyota de 11%, celles de Volkswagen de 26% et celles Chevrolet de 47%.
Les marques françaises Peugeot (-48%) et Citroën (-49%) sont affectées très lourdement.
Début juillet, le journal économique Kommersant citait une étude du cabinet Roland Berger estimant que si la situation perdurait et les droits douaniers baissaient comme prévu, certains constructeurs étrangers pourraient renoncer à produire localement, comme Peugeot-Citroën ou Opel.
“Ceux qui ont déjà investi des sommes significatives en Russie n’ont pas intérêt à partir, mais certains constructeurs vont essayer de réduire les coûts, d’optimiser leur production, pour conserver des marges acceptables”, nuance Vladimir Bespalov.