Parallèlement aux trois banques publiques, le reste du système financier tunisien va également faire l’objet d’une refonte totale.
D’abord, une nouvelle structure va voir le jour: l’Asset Management Company (AMC) qui devrait récupérer les créances accrochées des trois banques publiques. Le transfert de ces créances devrait, selon le planning arrêté, avoir lieu en juin 2015, après la définition du modèle économique (septembre 2014), le cadre juridique (décembre 2014) et la gouvernance (décembre 2014) de ce véhicule.
Ensuite, il sera procédé à la transformation et au renforcement des moyens des institutions financières existantes. La première concernée est la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC); une «structure jeune (créée en 2011 et opérationnelle depuis 2012) flexible dans ses stratégies d’appui», a un modèle économique qui «lui permet aisément d’être un investisseur d’intérêt général plutôt qu’une banque soumise aux objectifs de maximisation de la rentabilité», et dont les pouvoirs veulent faire «un acteur de référence pour le développement socio-économique de la Tunisie» et, pour cela, le «bras financier de l’Etat».
Car, pense-t-on au sein des instances publiques, «la centralisation des ressources au sein de la CDC permet à l’Etat tunisien de bénéficier de l’effet de levier et de faire office de catalyseur du marché financier sans causer de distorsion de concurrence au sein du secteur bancaire».
Pour pouvoir jouer ce rôle, la CDC aura besoin de renforcer sa capacité de financement grâce à l’apport de ressources additionnelles, par une augmentation de son capital, et/ou des participations minoritaires de l’Etat et en lui confiant éventuellement la gestion des fonds budgétaires (FOPRODIl, RIICTIC, FOPROLOS, FONAPRAM).
Programmé pour se dérouler sur cinq ans (juin 2015-décembre 2020), le renforcement de la CDC proviendrait également de l’absorption envisagée des institutions financières spécialisées (Sicar régionales, BTS, BFPME, et SOTUGAR). Mais préalablement à leur absorption par la CDC, ces institutions vont d’abord être auditées au lancement de programmes de relance qui devraient les redynamiser.
Ainsi, après avoir été auditée (une opération qui devrait commencer en 2014 et se terminer début 2015), la Banque de financement des petites et moyennes entreprises (BFPME) verra son positionnement stratégique et son business model redéfinis et sa présence régionale renforcée –avec la possibilité de collecter des dépôts dans les régions si cette option «est validée par le modèle économique».
A la Banque tunisienne de solidarité (BTS), on procèderait à la définition d’une stratégie d’intervention dans la micro et la méso-finance et à la reconversion des cellules de crédit en agences bancaires. Une fois la refonte opérée, la BTS pourrait collecter des dépôts et offrir des «services bancaires de base».
Outre la définition d’une stratégie d’intervention, les Sicar régionales verraient leurs capitaux augmentés et les participations des banques publiques rachetées.
Enfin, la Société tunisienne de garantie (SOTUGAR) bénéficiera, outre la mise à plat de la stratégie, d’un élargissement de son champ d’intervention et d’un transfert des participations de l’Etat.