1. Certaines sources indiqueraient que l’exploitation de ces ressources serait dangereuse pour l’Homme et pour l’environnement. Qu’en est-il au juste?
On a vu que le développent des hydrocarbures non conventionnels (gaz et pétrole de schiste entre autres), présente beaucoup de similitudes avec celui des hydrocarbures conventionnels, mais de façon plus intense, et plus accélérée. Les risques inhérents à cette activité sont donc connus depuis bien longtemps, et bien maîtrisés, mais ils sont ‘amplifiés’ du fait de cette ‘intensification’, en particulier lors de la fracturation, dite hydraulique. Des mesures plus draconiennes en termes de règlementation, de contrôle et de suivi, doivent donc être prises pour éviter tout risque éventuel.
Il faut aussi que les Sociétés Pétrolières travaillent avec davantage de transparence vis-à-vis de la Société Civile et des Communautés locales, en expliquant clairement les risques éventuels des différentes opérations et des solutions prises pour y faire face, et de publier la liste de tous les produits chimiques qu’il est prévu d’utiliser, en particulier lors de la fracturation.
Notons quand même que même la règlementation actuelle impose à toute société pétrolière de présenter une ‘Etude d’impact sur l’Environnement’ à l’ANPE (Agence Nationale de Protection de l’Environnement), et d’en avoir l’autorisation, avant de procéder à n’importe quelle activité qui pourrait avoir un impact aussi minime soit-il sur l’environnement: acquisition sismique, forage, développement ou production pétrolière. Cette règlementation devrait être renforcée pour tenir compte des spécificités de l’activité liée au développement des hydrocarbures non conventionnels.
Passons en revue quelques-uns de ces risques et des solutions pour les maîtriser:
– On reproche au développement du gaz de schiste la destruction de l’espace rural agricole, ou urbain, ainsi qu’une nuisance sonore et visuelle. En fait chaque puits nécessite 1 à 2 hectares (ha) d’espace lors de la phase d’exploration ou de développement, et beaucoup moins lors de la phase de production. Ces sites sont choisis non seulement suivant des critères géologiques, mais aussi de surface, de façon à causer le moins de nuisance possible.
En vue de limiter le nombre de sites, on peut maintenant forer jusqu’à 10 ou 15 Puits (ou cluster) à partir du même emplacement de surface. Souvent, les Sociétés Pétrolières contribuent aussi à l’amélioration de l’infrastructure routière dans la région où ils opèrent.
– On blâme l’activité ‘gaz de schiste’ pour son utilisation massive de l’eau, au détriment des besoins humains ou ceux de l’agriculture, surtout dans les zones arides. Les besoins en eau pour chaque Puits varient entre 10 000m3 et 15 000m3, ce qui peut paraît relativement élevé, surtout en zones de ‘stress hydrique’ comme certaines régions de la Tunisie. Il faut noter toutefois que 20% à 80% de ce volume est récupéré, traité, et réutilisé pour un autre Puits. D’autre part, il n’est pas nécessaire d’utiliser de l’eau douce et buvable ; on peut soit utiliser l’eau domestique déjà utilisée, ou même l’eau de mer.
D’autres méthodes de fracturation, dite ‘sèche’, s’affranchissent de l’eau (et de la plupart des substances chimiques qui l’accompagnent). Il s’agit principalement de la fracturation au Propane, accompagné ou non d’Azote liquide. Cette fracturation est actuellement opérationnelle, principalement au Canada, où plusieurs milliers de Puits ont fait l’objet, avec succès, de ce type de fracturation, mais aussi aux EU.
– Il semblerait que les produits chimiques utilisés dans la fracturation hydrauliques sont dangereux pour la santé et l’environnement. De plus, ils pourraient contaminer les nappes phréatiques.
Il faut d’abord relativiser, les produits chimiques utilisés dans le mélange de fracturation, ne représentent que 0.5% au maximum du volume utilisé pour la fracturation. Ces produits sont destinés à constituer un Gel en vue de garder le sable en suspension (ex: Gomme du Guar), à stériliser ce mélange en vue d’éviter l’introduction de bactéries (Biocides, ex: Glutaldehyde), à minimiser le frottement du gel avec les parois des tubages (ex: Polyacrilamide), à dissoudre certains oxydes ou minéraux (ex: acides chlorhydrique ou citrique), etc.
Presque tous ces produits sont utilisés dans la vie courante: nettoyants ménagers, agents de dégivrage, désinfectants, traitement des sols, etc. Il est fort possible que certaines sociétés aient, durant ‘l’Administration Bush’, qui a promulgué «l’Energy Policy Act (2005-2010)», utilisé des produits ‘dangereux’ non contrôlés, surtout que ces sociétés se refusaient à publier la constitution de leur ‘mélange-miracle’ sous prétexte de confidentialité. Ceci n’est plus possible actuellement, et toute Société pétrolière ou de service, est tenue de divulguer la liste de tous les produits chimiques utilisés dans chaque Puits, non seulement aux Autorités de tutelle, mais aussi aux Organisations non gouvernementales (ONGs). Ces données sont maintenant publiées sur internet (ex : http://fracfocus.org/ ou openfrac).
Pour ce qui est de la contamination de l’aquifère, celle-ci est quasi impossible, sauf négligence ou erreur humaine. En effet, les nappes phréatiques (eau douce) sont généralement situées à des profondeurs ne dépassant pas 300 m à 500 m, alors que les roches-mères de gaz ou de pétrole de schiste se situent à des profondeurs dépassant les 2000 m, voire les 4000 m, et séparées de ces nappes par plusieurs couches de roches imperméables!
D’autre part, lors du forage, et en vue de maintenir la stabilité des parois du Puits, au moins 2 ou 3 tubes d’aciers imbriqués l’un dans l’autre, sont cimentés contre la paroi du Puits et jusqu’en surface. Ils permettent d’isoler complètement et de façon efficace ces nappes d’eau douce, du centre du Puits où les hydrocarbures vont cheminer jusqu’à la surface.
Une mesure supplémentaire consiste à analyser tout Puits ou source d’eau à proximité du forage pétrolier, avant, pendant et même après toute activité liée au développement des hydrocarbures de schiste, et de remédier à toute anomalie constatée, voire d’abandonner, le cas échéant, le forage en question, s’il s’avère qu’il est à l’origine d’une fuite quelconque.