1. Quel est l’impact possible du développement des hydrocarbures non conventionnels sur la balance énergétique en Tunisie, l’économie du pays et l’emploi?
Comme dit plus haut, certains bassins géologiques en Tunisie, possèdent les ‘ingrédients’ nécessaires pour l’existence de volumes importants de gaz et de pétrole non conventionnels. Toutefois ces ressources en Hydrocarbures, techniquement récupérables restent encore ‘théoriques’.
Il faut certainement procéder à une phase d’exploration et d’évaluation afin de à transformer ces Ressources potentielles, en ‘Réserves récupérables et commerciales’: revue des données existantes, forage de quelques Puits (verticaux dans un 1er temps), prélèvement de certaines ‘carottes’ dans la roche-mère pour des analyses et essais de laboratoire, enregistrement de certaines données physiques, chimiques et mécaniques, tests de débits de gaz ou de pétrole, etc.
Il est important de noter que cette phase d’exploration-évaluation, nécessite non seulement un investissement important (sans que le résultat final soit garanti), mais aussi beaucoup de temps (6 à 8 ans au moins), avant qu’il soit décidé de procéder (ou non) à la production de ces hydrocarbures.
Les Opérateurs qui demanderont une autorisation pour procéder à cette évaluation, doivent donc démonter leur expertise en matière de développement d’hydrocarbures de roches-mères (ou de ‘tight reservoirs’), ainsi qu’une assise financière importante.
En attendant ce ‘feu vert’, une étude sérieuse, basée sur 3 scénarios possibles et couvrant la période 2014-2060, commandée par l’un des Opérateurs en Tunisie, et réalisée en 2012 par le prestigieux Bureau d’études ‘Oxford Economics’, montre des résultats très encourageants pour la balance énergétique et l’économie du Pays:
–Balance énergétique : en 2013, elle était déficitaire de 1.93 Mtep (Million de Tonnes équivalent Pétrole), soit environ 13.5 Mbep (Million de Barils équivalent Pétrole). En tenant compte de la croissance de la consommation, des Projets de développement du pétrole et du gaz conventionnels, ainsi que des découvertes potentielles, ce déficit devrait baisser légèrement jusqu’en 2016, se stabiliser jusqu’en 2020, puis se creuser sensiblement pour atteindre environ 100 Mbep en 2040 (et peut être 200 Mbep en 2060)! A 100$ le baril, le déficit en 2040 avoisinerait les 10 Milliards de Dollars, une somme colossale, qui avoisine 14% du PIB (produit Intérieur Brut) en 2012!
Toutefois, si l’autorisation de procéder à l’évaluation des hydrocarbures de roches-mères est donnée en 2014, et si le scénario le plus favorable est prouvé, la Tunisie pourra atteindre un équilibre énergétique en 2022, et espérer rester exportatrice jusqu’en 2037, avec un pic d’excédent d’environ 60 Mbep, ce qui pourrait changer complètement la carte énergétique et économique du Pays !
–Retombées économiques : sans entrer dans les détails, la contribution de l’activité ‘gaz et pétrole de schiste’ pourra contribuer au PIB à hauteur de 310 Millions de Dinars par an (M.TND/an) dans le cas le plus pessimiste, et jusqu’à 1200 MTND/an dans le scénario le plus favorable. Quant à la contribution au marché du travail, cette activité pourra déboucher sur la création d’un nombre relativement élevé d’emplois bien rémunérés, principalement pour les Ingénieurs, Techniciens et Cadres Tunisiens. Ce chiffre est estimé, durant la période la plus active, à environ 7700/an dans le scénario pessimiste, et peut atteindre 30 800 emplois annuels dans le cas le plus favorable. Il s’agit d’emplois directs, si on y inclut les emplois indirects ou induits, ces chiffres peuvent doubler ou même tripler !
–Autres bénéfices : cette activité, qui se situera principalement dans les Régions défavorisées du Sud, du Centre et du Nord Ouest, pourra contribuer largement à leur développement économique et social. On peut concevoir que les Sociétés Pétrolières réservent un certain pourcentage minimum de leur investissement, au développement des régions où ils opèrent. De nombreuses autres filières peuvent bénéficier des retombées positives de cette nouvelle richesse : les industries peuvent devenir plus compétitives, une meilleure et nouvelle infrastructure routière ‘gratuite’ pourra voir le jour, sans compter le bénéfice des ‘consommateurs’, ainsi que d’une main d’œuvre qualifiée et maîtrisant ces nouvelles technologies…