En culture financière, les jeunes Français n’ont pas la moyenne, selon l’OCDE

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étudiants en examen, le 11 décembre 2012 à Marseille (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

[10/07/2014 16:55:30] Paris (AFP) Ils sont très nombreux à avoir un compte en banque et de l’argent de poche, pourtant les collégiens français n’ont pas la moyenne en culture financière, selon un classement de l’OCDE publié mercredi.

Selon une évaluation menée dans 18 pays par l’OCDE, auprès de 29.000 élèves, les Français et Françaises âgés de 15 ans affichent un score de 486, contre une moyenne de 500 dans les 13 pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques ayant participé.

Cette dernière a décidé d’appliquer à la sphère financière sa célèbre évaluation PISA des compétences scolaires, laquelle est menée à une bien plus grande échelle (65 pays évalués).

Sur Twitter, le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer a souligné mardi que “l’éducation économique et financière conditionnait le bon fonctionnement de l’économie et l’efficacité des politiques économiques”.

Au total, 13 pays membres de l’OCDE et 5 autres pays volontaires (Chine: ville de Shanghai, Lettonie, Russie, Croatie, Colombie) ont été évalués.

Pour l’OCDE, les résultats des jeunes Français “semblent indiquer que les compétences de base acquises à l’école ne donnent pas aux jeunes les outils nécessaires pour obtenir de bons résultats à l’évaluation de leur culture financière”.

Dans le même temps, les jeunes Français ont pourtant une expérience pratique importante puisque selon l’OCDE ils sont 80% à avoir un compte bancaire, et 67% à gagner de l’argent, fruit de baby-sitting ou de jardinage.

En France, si des comptes épargne peuvent être ouverts dès 12 ans pour des enfants, il faut toutefois jusqu’à 16 ans un accord parental pour effectuer un retrait.

– Meilleure note pour les ados de Shanghai –

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ère (Photo : I. de Véricourt/J. Bonnard)

L’OCDE note en particulier qu’en France, un élève sur cinq n’atteint pas une “compétence de base” en matière financière, et, “au mieux”, peut “faire la différence entre besoins et souhaits” ou “sait à quoi servent les documents financiers courants tels qu’une facture”.

Les élèves les mieux classés sont les jeunes Chinois vivant à Shanghai (603 points), suivis des Belges (de langue flamande) (541 points), des Estoniens et des Australiens, avec aussi d’assez bons résultats en République tchèque (513 points) ou en Pologne (510 points). Les lanternes rouges sont la Colombie (379 points) et l’Italie (466 points), l’Espagne (484 points) étant également dans la partie basse du tableau.

Cette mauvaise performance des pays latins a “peut-être des aspects culturels, liés au fait qu’on ne parle pas facilement d’argent” en famille, relève Flore-Anne Messy, de la direction des affaires financières et des entreprises à l’OCDE.

“Mais dans les pays anglo-saxons également, les professeurs nous font part de leurs difficultés à aborder le sujet de l’argent” à l’école, poursuit-elle.

Dans le classement OCDE, les adolescents américains font à peine mieux que les Français, avec une moyenne de 492 points.

Pour Mme Messy, les meilleures performances des pays d’Europe de l’Est peuvent s’expliquer à la fois par le caractère “plus égalitaire” de ces sociétés et par les efforts faits, après la chute des régimes communistes, “pour intégrer les jeunes générations au système économique et financier”.

Pour elle “il y a des lacunes dans tous les pays”, même si “la finance entre dans la vie des gens de plus en plus tôt”.

L’évaluation a été faite à partir d’un questionnaire écrit. Les élèves devaient par exemple faire la différence entre une facture à régler et une facture déjà acquittée, lire un cours de Bourse, faire la différence entre salaire brut et salaire net sur un bulletin simplifié ou décrypter une offre de crédit.

Le test était complété par d’autres évaluations en mathématiques et compréhension écrite, et des questions plus personnelles (environnement familial, établissement scolaire, expérience de l’argent).

En France 1.068 élèves de 225 établissements scolaires ont été évalués.

La prochaine édition, en 2015, aura selon l’OCDE “une représentativité mondiale meilleure”, avec notamment des réponses de l’ensemble de la Chine et de certaines grandes économies d’Amérique Latine.