érienne du Cap-Ferret (Gironde) (Photo : Nicolas Tucat) |
[11/07/2014 17:06:01] Bordeaux (AFP) Une blogueuse a été condamnée fin juin par le TGI de Bordeaux pour sa critique d’un restaurant du Cap-Ferret (Gironde) appelant les clients à l’éviter, si bien référencée sur internet qu’elle portait atteinte à l’établissement, a-t-on appris vendredi de sources concordantes.
Dans ce billet d’humeur intitulé “L’endroit à éviter au Cap-Ferret”, suivi du nom du restaurant, publié sur son blog Cultur’elle, on lit l’expérience de la blogueuse, peu satisfaite du service offert un soir de l’été 2013 dans cet établissement dont “la patronne se prend pour une diva” et où “on se fout des clients”. A mettre donc, selon elle, sur une “liste noire”.
L’enseignante en lettres de 36 ans, vivant à Orléans, a été condamnée le 30 juin à une provision de 1.500 euros “à valoir sur l’indemnisation du préjudice moral et économique subi par le restaurant” et à verser 1.000 euros de frais de justice déboursés par le restaurant.
Pour des raisons lui échappant, l’algorithme mis en oeuvre par le moteur de recherches Google, avait entraîné le référencement en quatrième position de son blog, lorsque les internautes tapaient Cap-Ferret et le nom du restaurant, qui a estimé de ce fait perdre des clients.
Selon l’ordonnance rendue, que l’AFP a pu consulter, le titre “particulièrement apparent, non seulement pour les followers, en raison d’une présentation attractive, mais aussi pour l’internaute sur Google en raison d’un emplacement en 4ème position (…) constitue un dénigrement manifeste destiné à faire fuir les clients potentiels”. “Il porte une atteinte grave à l’image et à la réputation de l’établissement”, est-il écrit.
“C’était un choc complet”, a déclaré la bloggeuse à l’AFP, avant d’expliquer qu’on lui reproche son titre et non le contenu de l’article. “Je ne peux pas conseiller aux autres internautes de renoncer à la critique négative car, sans elle, il n’y aurait pas de critique positive”, a-t-elle ajouté, en précisant qu’elle avait respecté l’injonction du tribunal de faire “déréférencer” l’article.
Me Eolas, avocat et blogueur, a jugé que l’ordonnance rendue en référé ne ferait pas jurisprudence et noté que la Cour européenne des droits de l’Homme restait très protectrice de la liberté d’expression.
“Lorsque l’on a un blog avec plusieurs milliers de followers on bascule dans autre chose”, a-t-il cependant souligné: “On devient influent” et il “faut en avoir conscience, il y a des risques”, non sans ironiser au passage sur l’amplification de la mauvaise presse faite au restaurant par le procès.