s (Photo : Jean-Pierre Muller) |
[14/07/2014 21:32:11] New York (AFP) Vendre un Picasso sur eBay? Le marché de l’art mise sur internet pour séduire de nouveaux acheteurs, une tendance illustrée par un partenariat annoncé lundi entre le spécialiste de la vente en ligne et la respectable maison d’enchères Sotheby’s.
Les deux sociétés disent vouloir organiser des enchères au siège de Sotheby’s à New York, et les diffuser sur un portail spécial qu’eBay ajoutera à son site eBay.com “dans un avenir proche” et qui permettra d’enchérir en temps réel depuis n’importe où dans le monde, selon leur communiqué commun. A plus long terme, le partenariat pourrait s’étendre aux autres places d’enchères de Sotheby’s dans le monde tandis qu’eBay pourra décliner le portail sur ses sites en langue étrangères.
C’est un deuxième essai pour Sotheby’s et eBay, qui avaient déjà décidé de s’allier pour vendre de l’art en ligne en 2002, mais jeté l’éponge l’année suivante. Pas assez rentable, avait indiqué à l’époque la maison d’enchères.
“Les choses sont différentes aujourd’hui”, assure à l’AFP Gene Cook, responsable du projet chez eBay. Il évoque l’évolution technologique mais surtout le fait que “les consommateurs sont de plus en plus à l’aise pour acheter des objets chers en ligne”. “Chaque jour, nous vendons plus de 3.500 objets aux enchères à plus de 5.000 dollars, et nous avons une activité très robuste aussi pour les voitures”, ajoute-t-il.
Si une partie des 145 millions d’utilisateurs revendiqués par eBay connaissent déjà le marché de l’art (des objets de collection pour un montant total de 8 milliards de dollars se sont échangés l’an dernier sur ses sites), “d’autres sont intéressés et ne savent pas vraiment comment faire, il peuvent trouver le marché de l’art intimidant” alors qu’ils sont à l’aise sur eBay, note M. Cook.
– Potentiel de rattrapage –
Les ventes en ligne ne représentaient l’an dernier que 2,5 milliards de dollars soit 5% du marché mondial, selon les dernières estimations de la plus grande foire d’antiquaires au monde (TEFAF), qui voit un potentiel de croissance d’au moins 25% par an.
“Il y a beaucoup de marge de rattrapage pour les ventes d’art en ligne, et les investissements accrus du secteur aident le marché à mûrir rapidement”, souligne aussi l’assureur d’objets d’art Hiscox dans son rapport 2014 sur le marché de l’art en ligne, où il prédit que “les leaders du marché émergeront dans les prochains trois à cinq ans”.
ège social du groupe en Californie, le 22 janvier 2014 (Photo : Justin Sullivan) |
Une série de nouvelles plateformes commencent à éclore, comme Auctionata, Paddle8, Artspace, Artsy… Le rival d’eBay, Amazon, avait aussi lancé l’an dernier une plateforme pour mettre en contact des potentiels acheteurs avec des galeries et des marchands d’art.
Les maisons d’enchères traditionnelles ne veulent pas être en reste.
“Une présence accrue en ligne peut rendre nos ventes plus accessibles à des collectionneurs bien plus nombreux”, indique lundi à l’AFP Andrew Gully, responsable de la communication chez Sotheby’s. “Si seulement 1% des acheteurs sur eBay voient nos enchères, c’est 1,45 million de personnes en plus”.
La grande rivale britannique Christie’s a enregistré une année 2013 record avec des ventes chiffrées à 7,13 milliards de dollars, et l’a expliqué en partie par la croissance de ses activités en ligne. Elle a son propre portail d’enchères et y réalise certaines ventes en exclusivité. Elle assure que 45% de ses acheteurs sur internet sont de nouveaux clients.
Selon Hiscox, 10% des acheteurs d’art sur internet n’avaient jamais auparavant acheté d’oeuvre dans une galerie ou lors d’une vente aux enchères, et la part monte même à 22% pour les 20-30 ans.
Le rapport relève l’aspect “crucial” représenté par la réputation du vendeur, ce qui donne une longueur d’avance aux maisons d’enchères établies.
Christie’s relève que ce sont surtout les objets datant de l’après-guerre ou contemporains qui sont populaires dans ses ventes en ligne.
Le partenariat d’eBay et Sotheby’s devrait pour sa part se concentrer sur des prix de vente allant de 5.000 à 100.000 dollars, avec comme créneaux envisagés les bijoux, les montres, du vin ou des photographies par exemple.