Bank of America reste engluée dans les litiges immobiliers

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à un distributeur automatique de Bank of America le 16 avril 2014 à Alhambra en Californie (Photo : Frederic J. Brown)

[16/07/2014 14:52:51] New York (AFP) Bank of America n’en a toujours pas fini avec la crise: les bénéfices trimestriels de la deuxième banque américaine en termes d’actifs ont été rognés par une ardoise juridique de 4 milliards de dollars liée à ses égarements passés dans l’immobilier.

D’avril à juin, le bénéfice net a chuté de 43% sur un an à 2,3 milliards de dollars, selon un communiqué de l’entreprise publié mercredi.

A Wall Street, l’action BofA décrochait de 2,18% à 15,47 dollars vers 14H30 GMT.

“Les litiges sont un mauvais joker pour BofA”, commente la banque Jefferies dans une note.

Bank of America a en effet passé au deuxième trimestre une provision de 4 milliards de dollars destinée à couvrir d’éventuels accords à venir et les arrangements passés durant le trimestre.

L’établissement financier a ainsi accepté de payer 650 millions de dollars à l’assureur américain AIG pour régler un vieux contentieux immobilier, un accord publié mercredi, parallèlement aux résultats trimestriels.

AIG accusait la banque de Charlotte (Caroline du nord) et ses filiales Merrill Lynch et Countrywide de l’avoir “incité à investir dans près de 350 titres adossés à des prêts hypothécaires pour plus de 28 milliards de dollars” entre 2005 et 2007, selon une plainte déposée devant des tribunaux à New York et en Californie.

L’assureur contestait aussi un arrangement à l’amiable de 8,5 milliards de dollars conclu en juin 2011 entre BofA et un groupe d’investisseurs s’estimant lésés par ses pratiques dans l’immobilier.

“Cet accord met fin à tous nos contentieux avec AIG”, a insisté le directeur financier Bruce Thompson lors d’une conférence de presse téléphonique.

– Accord à 17 milliards de dollars ? –

Le plus difficile reste à venir: BofA est dans des négociations très serrées avec les autorités américaines pour éviter des poursuites pénales. Le département de la Justice (DoJ) lui réclamerait 17 milliards de dollars, selon la presse américaine, pour des placements adossés à des crédits immobiliers fragiles qui ont généré des milliards de pertes pour ceux qui les ont achetés.

Pour des faits similaires, mais de moindre ampleur, JPMorgan Chase avait accepté l’an dernier de verser 13 milliards de dollars. Citigroup a écopé lundi d’une amende de 7 milliards de dollars.

“Un accord probable avec le DoJ ajoute à l’incertitude car l’addition sera chère”, estime Zvi Bar, analyste sur le site spécialisé seekingalpha.

La plupart des contentieux immobiliers concernant BofA ont pour origine Countrywide, sa filiale devenue l’un des symboles des dérives du secteur financier pour avoir vendu des milliers de prêts à des ménages insolvables.

Dans l’ensemble, le deuxième trimestre a été “compliqué”, fait valoir Deutsche Bank, jugeant toutefois que l’activité de BofA montre de nombreux signes positifs.

Certes le chiffre d’affaires a reculé de 4,3% à 21,75 milliards mais il est au-dessus des attentes (21,62 milliards de dollars).

BofA a même mieux résisté que ses rivales au déclin des revenus du courtage des obligations, des changes et des matières premières (FICC) ou “Revenus fixes”, vache à lait des banques depuis la crise. Ils ont augmenté de 5% à 2,4 milliards de dollars, alors que ses rivales accusent toutes des baisses: -12% chez Citigroup, -15% chez JPMorgan Chase et -10% chez Goldman Sachs.

Les provisions sur des pertes issues des crédits ont diminué de 66% à 411 millions de dollars sur un an, grâce notamment à un recul des défauts de paiement.

Bank of America continue aussi à se serrer la ceinture pour s’adapter à une règlementation plus stricte en termes de liquidités.

La banque a notamment fermé ou cédé certains actifs durant le trimestre et supprimé des emplois. Elle comptait 233.201 employés équivalent temps plein, en baisse de 9% comparé à la même période il y a un an.

La banque, qui a vu ses projets initiaux d’utilisation de liquidités retoqués par la Réserve fédérale (Fed) pour des erreurs, attend le verdict final de la Fed aux alentours du 10 août pour se décider sur le versement d’un dividende et des rachats d’actions.