Perspectives prudentes dans les vignobles après la grêle

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organisme public FranceAgriMer (Photo : Philippe Desmazes)

[17/07/2014 14:56:58] Paris (AFP) Pas de panique, mais la prudence est de mise cet été sur l’évaluation des vendanges à venir: si les perspectives restent globalement “bonnes” à ce stade, elles mériteront d’être affinées après le passage de violents orages de grêle.

Les récoltes s’annoncent “bonnes en quantité et en qualité”, a indiqué jeudi l’organisme public FranceAgriMer, en précisant qu’il faudra attendre encore quelques semaines pour mesurer précisément l’impact des intempéries sur les vignobles touchés.

FranceAgriMer a renoncé à présenter sa traditionnelle estimation de récolte de la mi-juillet, à la demande des professionnels qui la jugent bien trop précoce et vague puisqu’elle se fonde sur des enquêtes de terrain conduites du 15 au 30 juin.

“La première estimation sera donnée fin juillet et les premiers chiffres corrects seront annoncés le 22 août”, a prévenu Anne Haller, déléguée pour la filière viticole.

Pour Philippe Janvier, chargé d’études économiques de FranceAgrimer, “l’état sanitaire de la vigne est globalement sain après un hiver et un printemps sans incident majeur” et des conditions de culture plutôt douces.

Cependant, plusieurs régions ont été sévèrement frappées par les orages depuis le mois de juin sans que les conséquences sur les vignes puissent être déjà évaluées à ce stade, a insisté Anne Haller. D’autant qu’une nouvelle vague, redoutée, doit traverser le pays samedi.

“Quand on donne une estimation de surfaces affectées, certaines parcelles ne sont pas du tout abimées et d’autres le seront à 100%, mais il faut un bon mois et demi pour commencer à mesurer les conséquences et trois mois pour les constater avec certitude.”

Ainsi, “7.000 à 7.500 ha de vignes du vignoble charentais ont été impactés par la grêle; 1.600 ha de Médoc; 5.000 ha en Bourgogne de Côtes de Beaune, Côte de Nuits, Nord-Mâconnais et Côte chalonnaise; et dernièrement 12.000 à 15.000 ha dans l’Aude et un peu dans l’Hérault”, a détaillé M. Janvier.

En outre, en Languedoc-Roussillon, dernière région affectée, “la grêle a touché certains pépiniéristes avec des conséquences possibles sur les cépages disponibles l’an prochain”, selon Anne Haller.

– Des filets comme au Chili –

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eau (Photo : Jean-Pierre Muller)

Dans cette région, “l’ampleur des dégâts estimés est équivalente à ceux observés dans le Bordelais en 2013”, a noté Philippe Janvier. Les conditions climatiques avaient sévèrement affecté le millésime 2013 en Bordeaux.

Au total, seuls les vins de Loire et d’Alsace n’ont pas du tout été touchés, mais ce dernier vignoble risque de souffrir du manque d’eau.

Face à la multiplication des incidents climatiques violents depuis trois ans, les professionnels ont demandé à FranceAgriMer de conduire des “observations quantifiés” sur les épisodes d’orages et de grêle notamment mais aussi de gel et d’inondations, et de les comparer avec les décennies précédentes, a expliqué Anne Heller.

Le ressenti des viticulteurs est que ces orages, secs et violents, avec des grêlons de la taille de balles de ping-pong ou davantage, augmentent en fréquence et en intensité, mais il faut en avoir le c?ur net.

Certaines parcelles, en Bourgogne, ont été frappées en juin pour la troisième année consécutive. Au point que des viticulteurs de la région testent sur leurs vignes un système de filets anti-grêle comme ceux utilisés en arboriculture pour protéger les fruits.

Ce système est déjà très éprouvé en Amérique du Sud, en Argentine ou au Chili, “qui enregistre en moyenne 100 jours d’orages par an”, selon M. Janvier.

Il pourrait éventuellement bénéficier d’un crédit européen au titre de la PAC, à condition de vaincre certaines réticences émanant notamment de l’INAO, l’Institut national de l’origine et de la qualité qui veille aux appellations contrôlées type “AOC”.

“Les filets sont suspectés de pouvoir affecter les conditions naturelles du terroir, comme l’ensoleillement ou le vent. Mais la question n’est pas tranchée”, a souligné Anne Haller.

Selon le ministère de l’Agriculture, moins de 15% des viticulteurs français sont assurés et à peine 100.000 ha sur 800.000 ha de vignes que compte le pays.