Guerre des prix alimentaires : la grande distribution rappelée à l’ordre

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é à Faches-Thumesnil dans le Nord le 27 juin 2014 (Photo : Philippe Huguen)

[17/07/2014 18:18:40] Paris (AFP) Le gouvernement a rappelé à l’ordre la grande distribution jeudi dans sa guerre aux prix bas, même si pour l’instant aucun piste claire pour sortir de la crise n’a été trouvée.

Les ministres de l?Économie Arnaud Montebourg, de l’Agriculture Stéphane Le Foll ainsi que la Secrétaire d?État à la Consommation Carole Delga avaient invité à Bercy les représentants des distributeurs, des industries agroalimentaires et des agriculteurs pour mettre le dossier sur la table.

Stéphane Le Foll, victime d’un coup de fatigue lors d’un déplacement dans la matinée dans l’Aude, a été mis au repos et c’est son directeur de cabinet qui l’a remplacé au pied levé, a-t-on appris auprès d’une de ses porte-parole.

Selon plusieurs participants interrogés par l’AFP, Arnaud Montebourg s’est montré très ferme vis-à-vis des distributeurs, affirmant même “j’aime jouer au père Fouettard, ça ne me gêne pas du tout”, selon des propos rapportés par le président de la FNSEA Xavier Beulin.

En cause: les pratiques abusives des enseignes qui auraient renégocié à la baisse des contrats signés en mars avec leurs fournisseurs agroalimentaires. Le gouvernement a promis qu’un rapport sur les contrôles effectués cette année par la répression des fraudes (DGCCRF) serait remis dans l’été et que les sanctions éventuellement prononcées seraient rendues publiques, selon plusieurs sources.

Les décrets d’application de la nouvelle loi Hamon, qui prévoit justement un durcissement de ces sanctions, seront publiés la semaine prochaine, a encore annoncé le ministre aux participants.

Sur le fond, tous sont d’accord sur le diagnostic: la spirale déflationniste actuelle sur les prix alimentaires est dangereuse et pourrait entraîner toute l’économie. Mais aucune décision claire n’est ressortie sur la façon de l’enrayer.

“Sur les pistes de sortie, on est resté sur notre faim”, a expliqué à l’AFP Yves Le Morvan, directeur général délégué de Coop de France (coopératives agricoles).

“La loi fonctionne mal” et il nous faut “un cadre législatif plus précis”, a-t-il plaidé. L’association des industries alimentaires (Ania) a appelé dans un communiqué “à redéfinir le cadre légal des relations commerciales”.

Xavier Beulin aussi est ressorti avec “quelques déceptions”. La fédération de certaines enseignes (FCD) proposait d’arrêter la publicité des comparateurs de prix qui alimentent la guerre aux prix bas mais Casino et Leclerc y sont farouchement opposés, selon lui.

Sur les promotions en rayon, “on souhaite qu’elles soient utilisées à bon escient” mais là encore les enseignes n’ont pas semblé à l’écoute, a affirmé le président du premier syndicat agricole du pays.

– Leclerc toujours inflexible –

Chez les distributeurs, les avis semblent plus partagés. Avant même la réunion, Michel-Edouard Leclerc avait sur son blog répondu par une fin de non-recevoir. “Sur un an, les cours des produits agricoles ont sérieusement décroché: -30% sur la pomme de terre, -10% sur le blé, -12% sur le maïs, -7% sur le sucre? Expliquez-nous pourquoi les distributeurs n?auraient pas le droit d’exiger des diminutions de tarifs”, se demande le patron du groupe éponyme.

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é E. Leclerc à Toulouse, le 28 novembre 2013 (Photo : Remy Gabalda)

A la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), qui représente toutes les enseignes à l’exception de Leclerc, Super U et Intermarché, le ton était un peu plus ouvert.

“La réunion, utile, a permis de poser un constat commun”, a rapporté à l’AFP Jacques Creyssel, délégué général de la fédération.

La FCD s’est notamment dite prête à se mobiliser pour valoriser les produits Made in France sur les filières en difficulté comme certaines enseignes le font cet été sur les fruits et légumes.

Elle est favorable également à la mise en place d’un label “négociations commerciales responsables” mais qui différencierait les PME (majoritaires dans l’agroalimentaire) des grands groupes. Mais les industriels ne semblent pas d’accord.

Selon M. Leclerc, “80% des produits vendus dans la distribution française sont apportés par 20% des fournisseurs, qui répondent au nom de Nestlé, Danone, Coca Cola, Mars, Ferrero, Procter et Gamble, Unilever?”

Intermarché et Leclerc ont enfin mis en cause les agriculteurs qui n’ont pas fait, selon eux, les réformes nécessaires de valorisation de leurs produits.