é car il va définitivement fermer (Photo : Markku Ruottinen) |
[18/07/2014 15:38:55] Helsinki (AFP) La suppression de 18.000 emplois annoncée jeudi par l?américain Microsoft dans le monde entier est un coup dur pour la Finlande, siège historique de l’ancien numéro un mondial de téléphones Nokia, sur lequel le géant informatique a mis la main l’année dernière.
“La Finlande a été trompée” par Microsoft, a lancé le ministre des Finances finlandais Antti Rinne après avoir appris que son pays allait essuyer la suppression d’environ 1.100 emplois.
Le site d’Oulu (nord-ouest), emblématique parmi les ingénieurs de Nokia, est le plus touché car il va définitivement fermer. Au total, 500 salariés spécialisés dans les téléphones dits “classiques”, et non les smartphones, sont concernés.
“C’est un grand choc”, s’est attristé auprès de l’AFP la dirigeante syndicale d’Oulu Tiina Nortamo.
“On nous prend nos emplois malgré les promesses qui nous avaient été faites” par Microsoft après l’annonce de la vente à l’automne dernier, a-t-elle déploré.
L’ex-PDG de Microsoft Steve Ballmer, remplacé par Satya Nadella début février, avait promis en septembre dernier que Microsoft n’avait pas “de plan significatif pour relocaliser les postes de travail (…) dans le cadre de la fusion” avec Nokia.
Plusieurs dirigeants politiques finlandais ont exigé de Microsoft des plans de soutien pour ceux qui vont perdre leur emploi.
“Il est temps pour Microsoft de faire preuve de responsabilité sociale”, a insisté le ministre du Travail Lauri Ihalainen, cité dans un communiqué.
Les négociations portant sur les conditions de licenciement devraient démarrer la semaine prochaine et devraient durer environ six semaines.
Les perspectives de trouver rapidement un emploi ne s’annoncent pas des plus simples pour les ingénieurs, surtout à Oulu qui a en compte déjà “des centaines” en chômage suite aux plans de licenciement précédents, affirme Mme Nortamo.
– Après l’apogée, la chute inéluctable –
A son apogée, en 2011, Nokia employait encore à Oulu plus de 2.000 personnes.
Chercher du travail dans une autre ville est “compliquée” d’après la syndicaliste, car beaucoup d’ingénieurs ont “une famille, des enfants et une maison” ici.
Alors que la décision de Microsoft a choqué les salariés et la classe politique finlandaise, les analystes décèlent la logique de l’affaire.
“Si les hommes politiques ont cru que les promesses (de Microsoft) étaient éternelles, ils devraient se regarder dans un miroir”, a ironisé auprès de à l’AFP un analyste de la banque Nordnet Jukka Oksaharju.
Pour lui, il est clair que Microsoft avait à l’époque “tout intérêt” à garder le savoir-faire de Nokia à l’intérieur du groupe “jusqu’au bout”.
“Je ne crois pas que Microsoft savait (au moment de l’acquisition des portables de Nokia) qu’il allait licencier autant des personnes”, a-t-il ajouté.
Après le choc national, la Finlande semble commencer vouloir tirer les leçons de l’affaire.
ée des bureaux de Keilaniemi Espoo le 16 juillet 2014 (Photo : Kristina Lehto) |
Le ministre de l’Industrie Jan Vapaavuori a jugé que Microsoft avait rappelé à la Finlande “la difficulté de la concurrence mondiale”, posant ainsi la question de la compétitivité de son pays.
“Nos ingénieurs sont de très haute qualité, mais les sonnettes d’alarmes devraient s?activer. Sommes-nous encore compétitifs en ce qui concerne le rapport qualité-prix de notre main d??uvre?”, s’est interrogé Oksaharju.
Les piliers traditionnels de l’économie du pays nordique, comme l’électronique et le papier, souffrent d’un lent déclin.
L’économie finlandaise vient d’accuser deux années de recul consécutif de son PIB (-1,4% en 2013, -1,0% en 2012).
Faute de croissance, le pays s’endette. D’après les prévisions du gouvernement publiées en juin, la dette publique va atteindre 60,4% du produit national brut cette année.