à Paris (Photo : Jacques Demarthon) |
[19/07/2014 09:18:10] Paris (AFP) Réformes structurelles et mesures de simplification: tel est le “plan d’ensemble” pour favoriser la compétitivité et le pouvoir d’achat défendu par l’une des principales conseillères économiques de Matignon, Agnès Benassy-Quéré.
Une semaine après la “feuille de route” pour le “redressement” présenté par le ministre de l’Economie Arnaud Montebourg, qui prévoit notamment des mesures de pouvoir d’achat pour les ménages, Mme Benassy-Quéré, présidente déléguée du Conseil d’analyse économique (CAE) placé auprès du Premier ministre, explique l’intérêt “de progresser simultanément sur l’efficacité, l’équité et la compétitivité”.
A l’occasion de la sortie d’une note récapitulative du Conseil remettant en perspective ses différentes préconisations depuis un an, cette professeure à l’Ecole d’économie de Paris juge “important d’analyser les réformes sous ces trois objectifs à la fois”.
“Favoriser l’accès au logement social par exemple, c’est ralentir la pression sur les salaires donc indirectement améliorer la compétitivité”, argumente-t-elle. Elle note en effet que ces dernières années, si le coût de travail a augmenté, avec notamment le maintien des salaires, c’est sans rapport avec la productivité. “Une cause possible est le renchérissement du logement”, analyse-t-elle.
De même pour les professions réglementées, auxquelles M. Montebourg veut s’attaquer car synonymes selon lui de rente et de monopole. Régulièrement critiquées ces dernières années, ces professions sont au nombre de 37 selon un rapport de l’Inspection générale des Finances resté confidentiel y compris pour la présidente du CAE.
“On n’a pas eu le rapport de l’IGF, personne ne l’a, sauf Les Echos visiblement”, lâche-t-elle, alors que le quotidien économique a révélé mardi son contenu. Pour elle, la publicité d’un tel rapport aiderait à “informer le citoyen” pour qu’il comprenne les enjeux actuels.
“Les gains sont dispersés: personne ne va jamais manifester pour l’ouverture à la concurrence de tel ou tel secteur”, explique Mme Benassy-Quéré. “Les pertes par contre sont concentrées sur des professionnels très motivés”, poursuit-elle.
-Lever les barrières-
Une logique d’ensemble permettrait selon elle de “montrer aux professionnels qui sont touchés qu’ils ne sont pas les seuls” mais permettrait aussi que “l’impact sur le pouvoir d’achat et l’emploi soient suffisamment visibles pour qu’il y ait une adhésion de la population”.
à Bailleul, dans le nord de la France, le 2 juillet 2013 (Photo : Philippe Huguen) |
Elle cite les coiffeurs. “On pense toujours aux notaires, mais ça concerne aussi des professions plus modestes et il y a des enjeux d’emploi immédiats”, explique-t-elle.
“Pour ouvrir un salon de coiffure, il faut un brevet professionnel (BEP, NDLR) qui est assez difficile en raison notamment du poids des matières scientifiques”. Elle préconise donc des “mesures modestes comme rendre les épreuves pour certains diplômes professionnels plus pratiques” sans sacrifier les exigences en termes de compétences mais “sans ériger des barrières à l’entrée pour les nouveaux venus”.
Autre cheval de bataille du CAE, les transports terrestres. Mme Benassy-Quéré milite pour la possibilité d’ouvrir des lignes d’autocars nationales quand elles ne sont aujourd’hui autorisées qu’à l’international. “Il y a des gens qui ont plus de temps que d’autres, qui ont peu de moyens et seraient intéressés par des services de transport nationaux à bas coûts”, estime-t-elle, convaincue qu'”on peut dégager du pouvoir d’achat en dérégulant de manière intelligente”.
Et il n’est pas exclu qu’en plus de faire faire des économies aux usagers, l’ouverture de telles lignes permettent “de faire les mêmes déplacements qu’avant mais pour moins cher et rediriger ces économies vers d’autres consommations”, argumente l’économiste.
Elle fustige également “l’interdiction très stricte de la vente à perte” qui rend difficile à un concurrent “de se faire une place sans commencer par casser le prix”.
“La concurrence dans la distribution est une question importante parce que ça nourrit la rancoeur des Français par rapport à la mondialisation: on leur dit qu’on délocalise en Chine ou en Europe de l’Est parce que c’est moins cher, donc ils perdent leur emploi et si d’un autre côté, ils ne voient pas les prix baisser dans les supermarchés, ils pensent qu’on leur a menti”, insiste-t-elle.