érence de presse à Bombay (Photo : Sajjad Hussain) |
[21/07/2014 10:12:38] Londres (AFP) Le directeur général de Tesco, Philip Clarke, a dû annoncer sa démission lundi, fragilisé par les mauvaises ventes du géant britannique de la distribution qui va recruter un responsable d’Unilever pour tenter de sortir de sa mauvaise passe.
“Dave Lewis entrera au conseil d’administration de Tesco le 1er octobre comme directeur général pour succéder à Philip Clarke”, a expliqué Tesco dans un communiqué.
Le numéro un britannique et numéro trois mondial de la distribution, derrière l’américain Wal-Mart et le français Carrefour, a reconnu être confronté à une situation encore “plus difficile” qu’évoqué lors de la présentation de ses résultats du premier trimestre début juin.
A l’époque, Tesco avait pourtant déjà fait part de ventes en fort repli au Royaume-Uni et plus largement en Europe, Philip Clarke évoquant alors “une situation inédite dans une période de transformation radicale de notre industrie”.
Pour rebondir, il espérait entre autres tirer profit de la croissance en Chine et en Inde où il s’est allié respectivement à CRE et Tata.
é Tesco à Liverpool en Angleterre, le 16 avril 2014 (Photo : Paul Ellis) |
Mais lundi, le groupe a indiqué que le marché était globalement encore “moins porteur” qu’estimé il y a un mois et demi. “Combiné avec les investissements croissants que nous réalisons pour améliorer notre offre aux consommateurs et les fidéliser, les ventes et les bénéfices du premier semestre sont inférieurs aux attentes”, a prévenu le distributeur.
Tâche d’ampleur en perspective
Entré chez Tesco il y a 40 ans comme simple magasinier, Philip Clarke, 54 ans, avait grimpé les échelons jusqu’à prendre la direction en 2011, au moment où le groupe subissait déjà une érosion de ses ventes.
L’année suivante, il avait impulsé un profond plan de redressement, via l’investissement d’un milliard de livres (1,25 milliard d’euros) au Royaume-Uni, afin de reconquérir ses clients face à la concurrence des enseignes très bon marché allemandes Aldi et Lidl, des distributeurs Asda, Sainsbury’s et Morrisons et des supermarchés haut de gamme Waitrose.
Mais l’effritement des ventes de Tesco n’a pu être enrayé.
“Aux commandes ces dernières années marquées par des défis immenses, je pense que c’est le bon moment de transmettre mes responsabilités”, a déclaré M. Clarke.
Son remplaçant, David Lewis, 49 ans, est actuellement président de la branche cosmétiques du géant anglo-néerlandais Unilever, chez qui il officie depuis 28 ans.
“Dave Lewis va apporter son expérience internationale et son expertise dans la gestion de la réforme, de la stratégie d’affaires, de la promotion de la marque et du développement de la clientèle”, a estimé le président de Tesco, Richard Broadbent.
Le groupe britannique a souligné que M. Lewis avait favorisé le rebond de plusieurs secteurs ou régions d’activités chez Unilever pendant sa carrière.
“Des spéculations circulaient depuis un moment sur un changement de directeur, la nouvelle n’a pas surpris grand monde”, a estimé Keith Bowman, analyste chez Hargreaves Lansdown Stockbrokers, qui a toutefois jugé que le pessimisme affiché par Tesco sur ses ventes du premier semestre avait “constitué un nouveau choc pour les actionnaires”.
Le titre Tesco gagnait néanmoins 2,28% à 291,5 pence, et s’affichait comme la vedette du début de journée à la Bourse de Londres, les investisseurs tablant sur de nouveaux efforts de restructuration sous la houlette du nouveau chef.
“Sa tâche reste d’ampleur: la marche en avant des Aldi et Lidl se poursuit et l’avantage comparatif autrefois tiré par Tesco de ses activités à l’étranger n’est plus ce qu’il était. La question est de savoir si le nouveau patron aura l’audace de provoquer les enseignes à bon marché sur leur propre terrain, quitte à réduire encore les marges à court terme”, a estimé M. Bowman