à Samara (Photo : Alexei Nikolsky) |
[22/07/2014 08:52:43] Bruxelles (AFP) Les Européens débattaient mardi d’un renforcement des sanctions contre Moscou, après le crash d’un avion malaisien dans l’est de l’Ukraine, et la pression monte sur la France pour arrêter la vente de navires militaires français Mistral à la Russie.
“Il est temps d’arrêter la +mistralisation+ de la politique européenne”, a lancé sur son compte Twitter la présidente lituanienne, Dalia Grybauskaité, toujours à la pointe du combat pour dénoncer l’attitude de la Russie et demander une action plus déterminée des Européens.
“L’Europe doit oser se montrer unie face au terrorisme”, a ajouté la présidente de cette ex-république soviétique.
“Le moment est venu de décréter un embargo sur les armes et de se réveiller un peu”, a renchéri son ministre des Affaires étrangères, Linas Linkevicius, en arrivant à une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles. “Livrer des armes à la Russie est une position difficile à défendre”, a taclé le Suédois Carl Bildt.
“Nous devons envoyer un message clair”, a lancé le nouveau ministre britannique, Philip Hammond. “Nous devrions envisager une interdiction de toutes les ventes d’équipement militaire, des navires, différents types de technologie, cela doit cesser”.
à Tel Aviv (Photo : Gali Tibbon) |
Le ministre français, Laurent Fabius, ne s’est pas exprimé sur l’Ukraine. Il a fait une déclaration sur la situation au Proche-Orient et l’offensive israélienne à Gaza, appelant à un cessez-le-feu “immédiat” en affirmant que “rien ne peut justifier la poursuite des massacres”.
Lundi, le Premier ministre britannique David Cameron avait appelé l’UE à adopter des sanctions économiques d’envergure, dites de “phase 3”, contre la Russie, et à cesser toute vente d’armes à ce pays, en pointant spécifiquement celles de la France.
“Franchement, il serait impensable de mener à bien une commande comme celle qu’ont les Français, mais nous devons mettre la pression sur tous nos partenaires pour dire que nous ne pouvons pas continuer à faire des affaires comme si de rien n’était avec un pays”, avait-il martelé.
– “Actions plus déterminées” –
Le contrat des deux Mistral, conclu en 2011 pour un montant de quelque 1,2 milliard d’euros, est dans le collimateur depuis le début de la crise en Ukraine. Le président Barack Obama avait lui aussi exprimé son “inquiétude” au mois de juin.
Mais le crash la semaine dernière d’un Boeing de la Malaysian Airlines, qui a fait près de 300 morts et est imputé aux séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine, a accru la pression sur Paris.
La livraison du premier Mistral, le “Vladivostok”, est prévue à l’automne. Lundi soir, le président François Hollande a affirmé qu’elle aurait bien lieu, en soulignant que la Russie avait “payé”. Mais il a affirmé que la livraison du second, le “Sébastopol”, “dépendra de l?attitude” de Moscou dans le conflit ukrainien.
Début juin, Vladimir Poutine avait mis la France en garde contre une annulation du contrat, en soulignant que Moscou exigerait alors des dédommagements, et que cela pourrait mettre en danger l’ensemble de la coopération militaire entre les deux pays.
Depuis, la France a assuré qu’elle remplirait le contrat et 400 marins russes sont arrivés en France pour se former.
La phase 3 des sanctions comporte des mesures susceptibles d’affecter gravement l’économie russe: outre les ventes d’armes susceptibles d’affecter les Mistral, elles pourraient toucher également les activités financières des oligarques russes à la City de Londres et les entreprises allemandes très implantées en Russie.
Les ministres étaient censés débattre mardi de la mise en ?uvre de la décision prise la semaine dernière par les chefs d’Etat et de gouvernement d’allonger la liste des personnalités et des entités russes soutenant les séparatistes et visés par des gels de leurs avoirs.
Cette position de principe avait été prise juste avant le crash de l’avion malaisien. “Nous restons prêts à aider à la désescalade de la situation” en Ukraine “avec des mesures politiques et diplomatiques”, a déclaré mardi le ministre allemand Frank-Walter Steinmeier. “Mais il va être nécessaire de compléter cela avec une pression plus forte, ce qui signifie des actions plus déterminées”.