Les informations qui nous parviennent de DAAECH, le premier califat des temps modernes mis en place entre l’Irak et la Syrie, sont «réjouissantes» quelque part! Le Calife des musulmans, l’émir des croyants comme il se plait à se nommer, Aboubaker Baghdadi, commence à rendre public ses premières décisions, sensées être le socle de l’«Etat de Califat»! Ainsi il expulse les chrétiens de Mossoul en moins de 24 heures, il rappelle aux artisans les normes des «jilbab» que les femmes sont autorisées à porter dans son califat et il se préoccupe de santé publique, annonçant une campagne généralisée de circoncision des filles!
Au-delà de l’anecdote, il faut réfléchir à ces décisions courageuses et les applaudir de deux mains. Enfin, voilà un islamiste pur et dur qui obtient le plein pouvoir et tous les moyens pour concrétiser ce à quoi militent des milliers de partis, associations et autres brigades et confréries de par le monde musulman et surtout arabe depuis des années! Vous voulez un exemple de l’Etat islamique comme le voient les salafistes et leurs compères? Voilà un échantillon grandeur nature!
Car il faut bien se rappeler que, depuis les années 80 et l’ahurissante manipulation du «Jihad» par la CIA en Afghanistan, en passant par Oussama Ben Laden, le FIS en Algérie, Tourabi au Soudan, les Chabeb somaliens, Boko Haram au Nigeria, les Frères musulmans en Egypte, et autres AQMI, aucun projet islamiste salafiste n’a été porté à son terme comme l’est celui de l’EIIL (État islamique en Irak et au Levant) de Baghdadi!
Les islamistes, extrémistes et moins extrémistes, que nous accusons à longueur de journée de double discours, se débattaient à vrai dire dans une contradiction inextricable. Comment concilier l’Etat de califat qu’ils appellent de leurs vœux comme horizons de la croyance et les impératifs d’un Etat moderne confronté à l’adversité d’un monde complexe et compliqué?
Le Calife Baghdadi, arrivé là où il est par un obscur jeu non clair de hasards, de connivences et de manipulations, n’est ni une autorité religieuse ni un savant éclairé mais un militant probablement tout de ce qu’il y a de plus sincère de la cause islamiste qui proclame le Gouvernement d’Allah et l’application de sa sainte Chariaa! Un pas de plus dans la discussion et on est dans une impasse de pensée.
Tout ce qu’a écrit Maoudoudi, Kotb, Abdelwahab, Ibn Teymia même, avec les différences de profondeur et d’importance, est évacué illico pour se focaliser sur le slogan: «bâtir l’Etat islamique, bâtir le Califat!»
Pour ces raisons et mille autres, l’expérience dans lequel s’empêtre l’EIIL est un dur coup pour les courants islamistes de par notre pays et ailleurs. Refuser ce que fait le califat, proclamer un autre califat comme le fait Hezb Ettahrir, mais il faut bien se dévoiler: qu’est-ce qu’un Etat islamique aujourd’hui? L’EIIL ou plutôt les exemples pleins de sagesse de la démocratie en Turquie, en Indonésie, en Malaisie? (Remarquer l’absence d’une référence arabe!)….