Le chef du gouvernement provisoire, Mehdi Jomâa, a affirmé, lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale constituante (ANC), que le projet de loi de finances complémentaire (LFC) 2014, intitulé «sur la voie de la relance économique», ne comporte pas une stratégie d’austérité.
Présentant la déclaration du gouvernement sur la LFC, M. Jomâa a ajouté que le gouvernement s’est basé sur un diagnostic réaliste de la situation économique du pays, caractérisée par une dégradation importante des finances publiques, du fait de la hausse des dépenses publiques qui n’a pas été accompagnée en parallèle par une croissance des ressources propres, dont la part a baissé de 82% en 2010, à 70% en 2014.
Sur le plan intérieur, le diagnostic a révélé une hausse de l’endettement public lequel a atteint 50% en 2014, outre le doublement du recours annuel à l’endettement au cours de la même période qui a atteint 7,4 milliards de dinars en 2014, contre 3,7 milliards de dinars en 2010.
Le chef du gouvernement a évoqué la dégradation de la productivité des entreprises et des structures publiques, soulignant que les dettes contractées par 27 entreprises nationales ont atteint 3 milliards de dinars à la fin 2013. La situation de l’économie tunisienne s’est caractérisée par la détérioration des équilibres extérieurs, la hausse du déficit commercial qui a atteint 6,7 milliards de dinars et l’aggravation du déficit courant qui a avoisiné 4,5% du PIB.
La Tunisie fait face, a-t-il ajouté, à un faible taux de croissance, à l’instabilité et à la hausse du taux de chômage qui a atteint 15,2%. Pour les diplômés du supérieur, le taux de chômage a grimpé à 31,4% à la fin du premier trimestre 2014, alors que le taux d’investissement a régressé à 20,2% du PIB outre l’abaissement de la notation souveraine de la Tunisie.
Au niveau extérieur, la situation est marquée par la faiblesse de la croissance notamment dans la zone euro, outre l’instabilité en Afrique du Nord et la hausse des prix des hydrocarbures (111 dollars le baril de pétrole).
M. Jomaa a par ailleurs souligné que «le projet de LFC vise à mettre fin à la crise économique que vit le pays, à travers la définition des priorités, dont la consolidation du devoir fiscal, la lutte contre le commerce parallèle et l’évasion fiscale, ainsi que la mise en place de solutions urgentes et permanentes pour les problèmes de la finance publique.
Le projet de la LFC 2014 veut également faire de l’investissement -surtout privé- un catalyseur principal du développement et de l’emploi, tout en prenant en considération l’aspect social, par l’apport d’une aide aux familles défavorisées.
Il prévoit, en outre, l’accélération du rythme de réalisation des réformes financières publiques et structurelles en cours.
«Une série de mesures pratiques a été mise en place, notamment la révision du régime forfaitaire, l’impulsion de l’investissement, l’emploi, et la création d’un fonds pour le soutien des PME en difficulté. Le relèvement du défi de la croissance économique reste tributaire du travail et de l’effort consenti par les Tunisiens», a encore précisé le chef du gouvernement provisoire.